Demi-sommeil ?
Comme si nous ne pouvions faire les choses en entier. Demi-sommeil, avec les images hypnagogiques qui accompagnent cet opiaçâge de l’attention. Puisque demi sommeil c’est un peu demi rêve, c’est un engourdissement torpide, c’est la télépathie de l’immensité sans paroles. Un écho de se trouver à la frontière d’un monde inconnu que nul ne voudrait connaitre, ou dans les brumes épaisses qui masquent les frontières séparatrices du « Le Rivage des Syrtes » de Julien Gracq. Lorsqu’un au-delà c’est, aussi, un deçà…celui des marges de langages toponymes. Ceux de la mort mêlée à la vie – tout cet invisible si inséré dans le quotidien. Dans ce crépuscule même qui commence dès le matin levant. Et dont la progression immobile dure toute la journée, se dégageant à peine des sables et des marécages estompés. Tout ce qui est entre deux – prenant un peu de chaque bord, y demeure bien cet inconnaissable, cet insondable, cet intraduisible, cet indéchiffrable, cet incommunicable ineffable même des bienheureux demis sommeils…
D’aucuns auront vu dans « Le Rivage des Syrtes » la transmission symbolique d’une méthode : comment s’écrit, dans les limbes, une œuvre surréaliste. La description la plus précise du comment se crée entièrement une telle œuvre qui s’arrache des brouillards indéfinis. Afin de s’affirmer comme dessin plus ferme mais pas avec les traits tranchants et brutaux de notre vacarme journalier, dans ces villes épuisées de hurler trop haut, dans ces férocités des formes, dans cette cupidité des angles blessés – non non, mais telle une forme qui conserverait encore toute la douceur de sa naissance, les traits étanchés et l’incarnation comme épongée de pastels. Un livre afin de faire le tour de toutes les sensations possibles de cette résistance plurimillénaire ?
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Et son exact contraire, son contraste, son opposé ?
…A la chevelure blanche par les voiles d’étirement de l’aube qui s’ébroue ?
Qui exhale le matin dans sa buée d’apaisement – où une lenteur danse son buste qui se dresse, jaillit des draps de verdure.
Verdure gondolée par la splendeur des cambrures pleines d’une poitrine toute enciélée d’exultations. Qui rirait silencieusement mais à gorge déployée.
………..de tout l’air paisiblement expiré du matin en son dernier sommeil…
…à la chevelure encore si blanche crêpée par l’alignement des arbres s’allongeant tant sur le chemin.
……………Le bleu n’a pas encore tranché le jour clair et net.
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La vraie littérature est trop diffamée – aucun tas de billets ne pourra jamais produire, ni reproduire, les trésors universels qu’elle peut faire survenir de la vie qui se met à l’unisson ! Comment le savons-nous ? Nous le savons déjà d’une posture tellement discrète qu’elle en est comme inconnue. Sans tapage mais auréolée d’une couleur glorieuse – le texte flamboyé dans son apparition même. Oui ? Oui c’est de là que nous recevons ce genre de commentaire que nulle publicité n’aura plus jamais, que nul argent ne pourra jamais se payer. Tellement sa puissance de vérité transperce et que nous le recevons comme un cadeau hors de prix. Hors de tous les prix - tellement ses effets sensés durent longtemps et nous pénètrent chaque fibre. Un cadeau de spontanéité plus beau qu’un bijou ? « Chaque jour... j'attends de recevoir son nouvel article... merci x encore pour cette découverte ».
Cette attente comblée n’existe plus dans la société du spectacle marchand. Il y a encore des décennies, il pouvait être espéré ardemment le nouveau journal, le feuilleton déjà feuilleté. Le livre inédit aussi. Encore, dans les années 1970, prolongées jusqu’à 1990, les nouvelles chansons…ces patiences heureuses qui accouchent, en partie, l’objet et le sujet de l’espoir ensuqué. Mais les médias ont trahi et détruit toutes les complicités – ils ne sont plus là que pour nous tabasser du règne illégitime des intrus de l’argent fou. Plus rien d’amical. Plus d’attentes ferventes possibles. La contamination d’une société souillée aura beaucoup détruit, bien trop : comment attendre avec impatience un énième produit commercial identique ? Ils ont tout profané et tout est fané. Tout ? La preuve que non. Les aventuriers du gratuit font encore palpiter. Ils nous font rêver. Nous attendons leurs merveilles suivantes à suivre…Et tant pis pour les traîtres qui ne l’auront absolument pas compris. Leurs noms n’ont plus qu’un goût aigre extrêmement désagréable dans la bouche. A trop vouloir gagner on ne peut que tout perdre ! Pour eux, c’est irréparablement fait.
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Ce poème inattendu tente de faire ressentir le mal qu’ont produit leurs profanations, profanations aussi des respects dus à l’humain :
A coups de couteaux
sur leur bouche en aile de
chien
je les ferai sourire.
- Il y a au flanc de mes baisers
entre des coulées de maisons
un bloc d’amants qui s’entrouvre
………………………………………. aux roues de fougères
L’œil est un balai
et d’autant plus le regard
écrasé sous mon corps.
………………….………….Il flambe, ardente torche.
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Enfin, l’interprétation dominante des demi-sommeils sont tout aussi fausses. Ce ne sont pas des marques de folie, des attestations de dérangements existentiels ou des troubles quelconques – mais bien les preuves d’un corps fonctionnant très normalement. Nos corps torturés à courir après les horaires, à se stresser pour rien, à recevoir les agressions illégitimes des publicités et des propagandes et tant d’autres maux causés par des dirigeants inadéquats – oui ne fonctionnent pas bien du tout. Nous pouvons y perdre l’essentiel. Ils doivent résister sans cesse. Les images hypnagogiques nous sont d’une aide précieuse à surtout ne pas rejeter.
I - **** - « Il me parait étrange de trouver sur la Toile tout un ensemble d’explications sur les images hypnagogiques, les faisant parfois passer pour des « troubles ». De la même manière je suis tout aussi surprise de trouver des matières d’analyse de rêves qui ne les mentionnent pas. Le lien entre les deux, tant sur leur nature que sur le sens symbolique dont elles sont porteuses, me parait pourtant particulièrement intéressant. Freud parle de ces images (Freud, l’Interprétation des rêves) :
« On a noté à juste titre que l’une des principales particularités de la vie de rêve survient dès l’instant d’endormissement et doit être tenue pour un phénomène qui introduit le sommeil. Ce qui est caractéristique de l’état de veille, selon Schleirmacher, c’est que l’activité de pensée s’accomplit en concept et non pas en images. Or le rêve pense principalement en images, et l’on peut observer qu’avec l’approche du sommeil, dans la mesure même où les activités volontaires s’avèrent plus difficiles, surgissent des représentations non voulues qui toutes appartiennent à la classe des images. »
Elles semblent arriver, comme tomber de quelque part, parfois avec beaucoup de force, jusqu’à nous engloutir avec une sensation qui peut être légèrement angoissante. Elles commencent à se présenter devant les yeux intérieurs, fugaces, puis tendent à disparaître, ou bien à s’installer, à se développer jusqu’à devenir inquiétantes tant il parait alors difficile de s’en « sortir ». Elles peuvent aller de la simple forme en mouvement (nuage noir frappant la tête) à l’image parfaite d’un élément. [[mais elles peuvent être tout au contraire belles, enchanteresses et très apaisantes….]]
Elles font partie de ces petites choses qui nous aident à aller à la rencontre de nous –même dans la plus grande authenticité. » Cette approche très simple et si naturelle de tout ce qui en nous ne peut pas participer à une société mécanique, machinale, insensible et dans beauté se montrer très bénéfique. Tout ce qui en nous n’est pas manipulable demeure nos plus solides alliés. Résistons
II - **** - L’inventeur du concept « d’hallucinations hypnagogiques » est Alfred Maury en 1861. Ci-joint le texte même, rendu plus intéressant par les nombreuses expériences qu’il aura vécu, qui introduit cette nouvelle approche de la vie de nos corps. Le dommageable étant de la présenter comme une « erreur des sens ». Ce qui est, en fait, bien plutôt une correction positive de ces sens. En bref, nous possédons tout en nous afin de résister à ce « système ahumain » de grave régression. Notre vie intérieure est la plus puissante source de résistance – ne la laissons pas tomber !
« Théorie psychologique des hallucinations hypnagogiques. — Nous avons dit que les images fantastiques, les sons imaginaires ne venaient frapper l’esprit que lorsque l’attention est détendue, dès que la réflexion n’est plus active. Il y a, en effet, dans notre intelligence, deux facultés distinctes, l’imagination qui (re)produit les images, qui les fait naître, et la réflexion qui les compare, les contrôle, les associe et amène ainsi l’imagination à en évoquer de nouvelles. Or, dans les hallucinations hypnagogiques, il nous paraît incontestable que la réflexion n’agit plus, que l’imagination est seule en action, tandis que la faculté de réflexion est réduite à un rôle purement passif. L’esprit contemple, comme étrangère à lui, l’image qui est pourtant son ouvrage.
Cette autocratie de l’imagination a lieu dans l’état intermédiaire entre la veille et le sommeil, tout comme dans la rêvasserie ; mais avec cette différence que les idées de choses sensibles s’offrent non plus sous la forme d’idées pures, mais sous celles d’images. Ainsi les idées ont un bien plus haut degré de vivacité. Mais si ces visions, ces pseudo-auditions sont un plus haut degré de revivification de l’idée, comment concevoir qu’elles ne se produisent qu’alors que l’attention est détendue, que la réflexion n’agit plus ? Comment comprendre que, loin de s’offrir comme le summum de la pensée, ces images n’ont aucun rapport avec l’objet qui occupait l’esprit, immédiatement auparavant, alors qu’il était complètement éveillé ? » A noter que le versant qui est le centre du texte ici – l’éveil naturel qu’aucun « réveil » ne vient brutalement interrompre – n’est pas présent. Ne voudrait-il que nous endormir ce Maury ? C’est bien au matin neuf que nous avons la sensation la plus lucide de comment résister au mieux. Ce pourquoi notre texte ne parle que de se réveiller. Se réveiller c’est y veiller !
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Ce bref extrait, plus haut, afin d’illustrer l’ambiance dans laquelle Maury a abordé les demi-sommeils. Et, aussi, parce que ce texte a été la source de nombreuses explorations dont celle de Freud. Vous l’avez là sous la main. Pour nous, nous n’en conservons que la possibilité de nous rendre plus forts, plus nuancés, plus complets, plus matures – à même de résister à tout ce qui peut advenir. Et puisque bien écrire c’est beaucoup écouter…ceci pris au vol :
« La dernière chose qui vous a mis en colère ? C’est la non-prise en compte de la culture de manière générale. Personne n’en parle plus. Alors qu’on devrait s’appuyer sur elle pour essayer de sortir de la tentation du repli sur soi identitaire, et surtout ne pas l’occulter, la culture salutaire.”
La culture aide vraiment à vivre, à sortir vainqueurs de toutes les inutiles guerres des egos, à ne se laisser jamais manipuler, à conserver sa personnalité intacte, à toujours grandir et à rester les défenseurs, en premières lignes, de la civilisation ! C’est un trésor essentiel…
Oui, celui grâce auquel vont tomber tous les si nocifs imposteurs actuels comme…
.................……….…..dans un demi-sommeil !
........………(à suivre)
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…toujours dans la rubrique : "Quelles sont les têtes qui NOUS aident vraiment ?"
Que le vaste humour nous grandisse et nous nourrisse !!!
Sous copyleft……pour tout ce qui reste à but non lucratif
tous ces posts sont effectivement reliés à une pensée globale ***
**** trouvez, aussi, un compliment à cette réflexion sur le site internet à téléchargements gratuits http://www.freethewords.org/, onglet 1 "Les mamelles du repos", "Remue- ménage" et "L'athéâtre" ; onglet 2 " Comment devenir un (e) athée du capitalisme " ou bien "La star des stars", "L'ardeur sociale" ou bien, encore, "Présent !" ; onglet 3 ; "La diction du dictionnaire ou comment rendre tous les mots physiques", "Nul n'est nul", "Je ne parle plus à qui a raison" et "Rien de plus solide que le solidaire" ; sinon, onglet 4 "Où trouver encore du sérieux ?", "L'intelligence indestructible du capitalisme ?" ou bien, encore, "Assentiments aux sentiments".
Résistances au changement Impliquent changement de résistances
Structurellement, les classes moyennes ne savent plus penser
Pas de République si le politique ne prime pas sur l'économie.
La prospérité c'est pour tous, la richesse pour la minorité
L’Économie que l’on nous jette entre les jambes afin de faire tout autre chose ?
Je suis responsable de ma parole non de la compréhension des autres
Le spectacle est une misère pas une conspiration
Le si rare moment de la jubilation
La façon d’écrire se nomme infini respect
Plus il existe d’opinions très différentes, moins le monde risque de se tromper
Nous ne pouvons pas trouver de solutions si nous ne connaissons pas la réalité de la situation.
Faisons le vide des prétendus dirigeants à l’intérieur de nous !
…les anti-élites actuelles (…celles qui empêchent les vraies élites de réparer leurs dégâts !)
Trouver ce que nous ne cherchons pas ?
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Si ce post a su retenir votre attention dans les 4 300 autres (disponibles ici) il doit y en avoir de bien plus décoiffant. Qui vous boosteraient encore plus. C'est le si cher chercher cher… on y trouve plus que prévu
Chaque matin dans ce demi-sommeil où la raison triomphe peu à peu des folles images du rêve…de Nerval
Quelques photos hypnagogiques inspirées par les théories d'Alfred Maury...
musique Alban Minville
La Chanson Crayonnée Hypnagogique mêlangeant images, sons et sensations...