L’injonction à rester médiocres ? (1)
« Médiocratie ». Le pot aux roses démasqué, c’est que la médiocrité ne vient pas de la tête mais du CŒUR. Un-e très instruit(e) peut ne plus pouvoir cacher ses imperfections de sentiments. Tel-le autre, qui bafouille un peu ses mots, peut faire voir un cœur si brillant que nous ne sommes pas prêts d’oublier. On nous dit que le premier domine et le second non. Pour nous c’est l’exact inverse. Or, tant disent que nous sommes …toujours en avance. Et donc ? Cela ne va plus être confortable de ne plus pouvoir dissimuler…son inexcusable médiocrité de cœur. Eh oui, la roue tourne, elle s’appelle Histoire, celle-là qui met fin aux cycles des imposteurs tyranniques qui se prétendaient dirigeants ! Mais ne sont représentatifs que de petits nombres à la marge. Nous vous faisons pénétrer dans l’envers du décor de ce splendide ÉCHEC des médiocres !
Comme si personne ne pouvait s’imposer [[obstacles très occultés !]] et c’est le très moyen qui s’impose partout ? L’ordre désagréable claque en…soyez moyen, sentez moyen, pensez moyen, œuvrez moyen et restez moyen. Cet état équivalent à l’apprentissage de l’enfance, qui doit se sentir inférieur mais uniquement dans ce qu’il apprend, afin de l’apprendre justement, d’accepter de l’apprendre – mais qui doit s’interrompre avec les rites de passage de l’adolescence. La médiocratie, elle, dure toute la vie : tout y est fausse monnaie. C’est antinaturel, c’est complètement malsain, c’est une déviance que ne doit pas admettre la société…D’où ceci provient, oui ces perversions ?
Le fait que le gigantisme de potentiel des médias a cramé des cœurs très vulgaires. Ces cœurs très vulgaires n’ayant pas à s’investir dans la créativité et ses exigences – vont disposer de trop de temps afin de nuire à tous les grands esprits, les êtres brillants ou rayonnants, les grandes âmes, les charismatiques. Avec le but, par l’usure des mesquineries, de les faire tomber, de les effacer, d’en faire oublier les méthodes et les résultats (enfin, surtout, de « croire » » qu’ils le font…). Les médiocres n’ont pas pris réellement le pouvoir (dans le sens positif de ce mot de « pouvoir », qui est de changer l’immobilisme en un désir puissant de transformation collective) – ils l’empêchent, seulement, de pouvoir fonctionner. D’où la survenance de mots boiteux et enlisés, tels « gouvernance », où personne ne décide et où tout s’effondre dans la gestion limitée aux uniques intérêts trop particuliers. Trop particuliers parce que particulièrement égoïstes. La civilisation est étouffée par ces intérêts qui suicident toute la société puisque leurs accumulations virales ne sont pas…gérables ! Autrement qu’en posant des régulations partout. Oui des limitations, des plafonds, des cordons de protections sanitaires : la médiocratie c’est si nuisible pour la civilisation qu’il faut vite lui mettre des…bornes. Des bornes pour les bornés !
Le très grave dommage de cette médiocratie, de ce règne des cœurs vulgaires, des insensibilités et indifférences aux autres – c’est qu’ils/elles ne savent absolument pas penser. Qu’ils refusent les règles qui permettent de raisonner, d’argumenter ou de débattre…collectivement. Cette mégalomanie de l’insignifiance détruit tellement de sociabilités et de débats de fonds… C’est le « règne des assassins » de Rimbaud, ces assis, qui ne sont pas des tueurs au sens concret, mais de terribles simplificateurs, des destructeurs insensibles à tous sentiments d’empathie s et de compassions, des êtres profondément indifférents à tout ce qui n’est pas leurs uniques narcissismes. Et que, s’il n’y avait pas tant de cupidités économiques, de m’as-tu-vu culturels qui n’ont rien à dire sinon tout saturer de leur vaine image, des avides de gloires sans contenus (juste médiatiques), etc. – autres médiocres en fait – cette médiocratie aurait été domptée depuis longtemps. Et les talents, compétences brillantes, voire génies se seraient attelés à…réparer tous les dégâts causés par les médiocrates.
Ils ne sont pas assez grands pour savoir reconnaître les autres, éprouver de la gratitude, émettre de l’admiration existentielle. Montrer un cœur ardent. Rien ne les soulève, ne les surpasse, de les dépasse, ne les transporte, ne les envole, ne les rend gigantesques…Ils sont trop sous leur taille pour « voir » une pensée, la parcourir et en savourer toutes les beautés. Ils n’ont à partager avec autrui que…l’effondrement d’eux-mêmes, la déception à tous les étages. Ils rétrécissent tout à leur manque de vision et leurs cœurs de hideux avares.
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Donc oligarchies + médiocratie ? En sa dernière édition (2010), Le Dictionnaire historique de la langue française précise que l’adjectif médiocre est emprunté (1495) au latin mediocris «moyen du point de vue de la grandeur, de la qualité» et «ordinaire (pour les personnes et les choses)» (cf. op. cit., p. 1299). Au fil du temps, cet adjectif a pris de plus en plus d’importance dans la société contemporaine au point qu’il a donné naissance à un nom, la médiocratie, soit le pouvoir exercé par les médiocres. Cette médiocratie est devenue une pandémie qui risque de détruire la civilisation et ses exigences d’Évolution et de progrès communs. Que faire ? D’abord, montrer sans fard ce « qu’est » cette sinistre médiocratie.
Justement une étude d’Alain Deneault se nomme…la Médiocratie…En quatre chapitres au titre évocateur : «Le savoir et l’expertise, Le commerce et la finance, Culture et civilisation, La révolution : rendre révolu ce qui nuit à la chose commune», l’auteur explique, analyse, décortique, avec références et exemples à l’appui, comment «la division et l’industrialisation du travail – manuel comme intellectuel - ont largement contribué à l’avènement du pouvoir médiocre». À travail standardisé, comportement standardisé avec, pour corrélat, une prestation et un résultat moyens, le tout noyé dans des expressions galvaudées comme «hauts standards de qualité» ou «dans le respect des valeurs d’excellence». Le médiocre devient la norme du système [[donc qui fuit tout ce qu’il y a de meilleur !]], la référence, «l’analphabète secondaire» […] nouveau sujet formé sur mesure […] fort d’une connaissance utile qui n’enseigne toutefois pas à remettre en cause ses fondements idéologiques». L’essentiel pour l’individu consiste alors à «jouer le jeu» [[ surtout qu’il est sans règles et que les prétendus maîtres, plus médiocres que lui, ne peuvent répondre de rien et ne comprennent absolument pas de quelle organisation sociale il s’agit :!]], c’est-à-dire à respecter «l’état de domination exercé par les modalités médiocres elles-mêmes» et à passer sous les fourches caudines du réseau dont il fait partie intégrante.
La principale compétence d’un médiocre ? Savoir reconnaître un autre médiocre. Ensemble, ils organiseront des grattages de dos et des renvois d’ascenseurs pour rendre puissant un clan qui va s’agrandissant, puisqu’ils auront tôt fait d’y attirer leurs semblables. L’important n’est pas tant d’éviter la bêtise que de la couvrir sous les images du pouvoir. Toutefois, la médiocratie ne relève pas de la pure incompétence. On ne veut pas d’incapables. Il faut pouvoir faire fonctionner la photocopieuse, comprendre un formulaire, le remplir sans rechigner et dire bonjour au bon moment. Médiocrité est en français le substantif désignant ce qui est moyen, tout comme supériorité et infériorité font état de ce qui est supérieur et inférieur. Il n’y a pas de moyenneté – la médiocrité, c’est le stade moyen en acte plus que la moyenne. Et la médiocratie est ce stade moyen hissé au rang d’autorité. [[ illégitime, antisociale, nihiliste, destructrice et dépassée par les évènements, comme nous allons le voir…]].
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” Rangez ces ouvrages dits compliqués, les livres comptables feront l’affaire. Ne soyez ni fier, ni spirituel, ni même à l’aise, vous risqueriez de paraître arrogant. Atténuez vos passions, elles font peur [[…à qui donc ?]]. Surtout, aucune “bonne idée”, la déchiqueteuse en est pleine. Ce regard perçant qui inquiète, dilatez-le et décontractez vos lèvres – il faut penser mou et le montrer, parler de son moi en le réduisant à peu de chose : on doit pouvoir vous caser. Les temps ont changé. Il n’y a eu aucune prise de la Bastille, rien de comparable à l’incendie du Reichstag, et l’Aurore n’a encore tiré aucun coup de feu. Pourtant l’assaut a bel et bien été lancé et couronné de succès : les médiocres ont pris le pouvoir.”
La-Médiocratie-d'-Alain-Deneault-- (entrevue)
Cette couleur et ce phrasé fort, auxquels nous sommes de moins en moins habitués, [[tout dépend seulement où nous regardons !...]] désignent finalement un phénomène que nous sommes nombreux à ressentir sans parvenir à le distinguer clairement. [[ faux – il suffit seulement de penser à litre et réfléchir à ces textes prétendus « compliqués » !]]. Et pour cause, ses rouages sont à la fois discrets et surtout parfaitement intégrés au paysage social. [[ Uniquement pour qui n’a aucune liberté en elle/lui]]. Surtout pas bienvenue dans un monde où même le subversif s’achète et se détourne pour mieux continuer à faire croire qu’il existe vraiment. [[…à d’autres, il existe réellement mais nous n’allons pas abréger les recherches nécessaires !]]. Pas bienvenue dans un monde où la vie en entreprise atteint des sommets d’abrutissement et d’aliénation, où les médias portent en étendard une prétendue objectivité (toutes les analyses y sont « fakes » donc très anti-objectives !]] qui n’est qu’un outil de renforcement d’une classe dominante, où la télévision “casse le lien social réel” [[ces véritables voyous antisociaux sont quasiment tout le temps en costards cravates !]] pour en proposer un “simulacre”, où l’art démoderne incarne une vacuité vulgaire, symptomatique de la place réelle laissée dans notre société à la créativité et à l’expression réelle de chacun-e. Voilà le tableau peint par Alain Deneault … et l’image est laide.
CaSeSaurait : Pour commencer qu’est-ce pour vous que la médiocratie ? Comment se manifeste-elle ?
« La médiocratie désigne un régime dans le cadre duquel les métiers deviennent des fonctions, les pratiques des techniques, les compétences des faits d’exécution. Mais ce régime ne dit pas son nom [[ tellement il en a honte !]]. Sous le vocable de « gouvernance », qui tend à remplacer celui de « politique », et qui naturalise la soumission de toute forme d’organisation sociale aux illogiques du management et de l’organisation privée, les sujets d’un tel régime sont invités à développer leur « capital social », « capital santé » et « capital beauté » en se faisant entrepreneurs d’elles et d’eux-mêmes pour mieux désapprendre à se vendre [[ ne se vend que qui est susceptible d’être un-e vendu(e) !...]]. Ces subordonnés se voient donc enjoints à deviner, si ce n’est à désirer l’ordre des attentes qu’entretiennent les dominants envers eux. [[ leurs attentes n’étant absolument pas attentionnées ni attentives ne méritent strictement aucune réponse !]]. Ces maniaqueries d’attentes correspondent à des normes, standards et protocoles que l’on associe à tort à une « moyenne », alors qu’elle correspond plutôt à la médiocrité [[ ou bien piétiner 24 h sur 24 le meilleur de soi-même !]]. La moyenne reste une abstraction sur des modalités fort diverses et variées tandis que la médiocrité, qui lui est voisine, représente la moyenne en acte. Il ne s’agit pas encore, néanmoins, de la médiane, c’est-à-dire d’une incarnation strictement équilibrée de tous les éléments qui composent un système ; penser ainsi consisterait à mettre de côté l’aspect idéologique de l’affaire. Il s’agit d’une obéissance à un modèle qui, abusivement et péremptoirement, prétend de manière unilatérale incarner la moyenne, le juste milieu, la vérité, la normalité, le pragmatisme et le réalisme, alors que ces termes et prétentions ne font l’objet d’aucune démonstration [[ ce sont des escrocs en tout. Traitez-les comme tels, ils/elles ne mettront pas longtemps à tomber le masque ! Ce sont de trop flagrants…échecs de vie !]]. Ils sont plutôt le slogan de programmes qui se révèlent au contraire si iniques sur le plan social [[ce pourquoi ils adorent le mot « équitable » et prétendent même qu’il est plus fort que l’égalité !]], destructeurs sur le plan écologique [[ils ne savent plus que ce que nous mangeons et buvons vient directement de la Nature et que si nous la souillons ce sont à nos corps que nous infligeons ces horreurs !]] et impérialistes sur le plan culturel [[comme ils n’ont rien à dire, vu la misère extrême de leur vie intérieure, ils veulent souiller tous les débats ! Il est donc si facile d’éteindre leurs…médiocrités ! Débattons tout autrement…]].
CaSeSaurait : D’ailleurs, quand et comment serait née, se serait installée, cette médiocratie que vous décrivez ?
Je tiens à préciser que j’ai tenu à écrire un essai et que ce genre littéraire suppose davantage l’élaboration d’une problématique et la soumission de propositions critiques au débat qu’une étude universitaire. Je ne fais pas œuvre de médiocrologie, l’essai permet précisément la considération de thèmes et d’enjeux qui échappent forcément aux paramètres d’analyse et d’études des scientifiques. On ne va quand même pas inventer un médiocromètre qui servirait d’unité de mesure à travers l’histoire pour étudier le degré de médiocrité des peuples ! Cela dit, l’étude des discours permet d’établir une évolution des termes médiocrité et médiocratie au fil de la modernité. Au départ, il s’agissait d’une expression dédaigneuse utilisée par les élites pour dénoncer la prétention des classes moyennes naissantes de s’essayer à la science, aux arts et à la politique. Comment des boutiquiers sans éducation pouvaient-ils donc prétendre, eux, à cela ?
Le médiocre paraissait sinon comme un personnage insignifiant ayant pour seule compétence de savoir se rendre utile auprès de ceux qui ont, de quelque manière, plus de pouvoir que lui. J’ai souhaité, dans mon livre, quant à notre époque, relever qu’au contraire, la médiocratie n’est plus déplorée, mais promue. Tendanciellement, la révolution industrielle et la division du travail qui l’accompagne ont contribué à formater le travail de façon à rendre interchangeables ceux qui s’y sont trouvés soumis, d’une part, tandis que, d’autre part, s’est développée toute une série de connaissances techniques et symboliques qui ont-elles aussi requis que des hordes d’exécutants soient formés sur un mode homogène. La médiocrité, c’est-à-dire savoir correspondre à des standards et à des normes que le pouvoir présente comme moyennes sur un mode intéressé et arbitraire, s’est progressivement imposée. [[ alors, qu’études ou pas, avec notre cœur et nos têtes nous pouvons détricoter tous les enfantillages de ces prétendus dirigeants. Oui, faire le vide des prétendus dirigeants à l’intérieur de nous ! Puisque nous n’avons plus besoin de ce système pour le supplanter !]].
CaSeSaurait : Comment en êtes-vous arrivé à théoriser l’idée, forte, selon laquelle notre société dans son ensemble serait tenue de part en part par les médiocres ? Et quelles sont les réactions face à cette vision sans concession de notre société que vous proposez ?
J’ai réservé aux publications universitaires mes travaux sur Georg Simmel, l’auteur sur qui ma thèse en philosophie porte, ainsi qu’à Écosociété mes études plus méthodiques sur le pouvoir des entreprises multinationales et l’ordre politique qu’elles contribuent à générer. Chez Lux paraissent des écrits qui tiennent davantage, j’oserais dire, à une intuition d’écrivain. Sous cette expression aux allures présomptueuses, j’entends simplement le fait d’une attention à un bruissement social qui excède le fait de seules plaintes et lamentations, témoignant au contraire de frustrations et de colères qui ont leur raison. Et j’ai tenté dans La Médiocratie, dans « Gouvernance » et maintenant dans Politiques de l’extrême-centre de donner raison, de donner ses raisons, à cette colère. Et cette colère et cette frustration s’expliquent par l’exigence que l’on retrouve, autant dans les ministères que dans les entreprises ou les universités et même dans les groupes associatifs, de correspondre à certains standards qui agissent comme des cancers au détriment des puissances de conviction et de pensée des gens.J’entendais encore récemment une professeure d’université me dire que si elle affichait la volonté de réaliser trente entretiens plutôt que vingt, elle était certaine de ne pas obtenir sa subvention parce qu’on ne la jugerait pas capable de le faire. La novlangue managériale et son pendant organisationnel, la « gouvernance », que rien ne semblent pouvoir arrêter et qui saccagent sans merci le vocabulaire portant sur la chose publique contribuent à confondre les citoyens. Au Québec, des professeurs d’université ont maintenant parfois des postes qui comportent en eux-mêmes le nom d’un commanditaire, comme s’ils étaient des coureurs au Tour de France, tandis qu’on embauche dans la fonction publique des « architectes en gouvernance d’entreprise ministérielle ». Des spécialistes de la gestion d’entreprise vantent pendant ce temps-là la « stupidité fonctionnelle » qui doit régner dans les organisations…[[à quoi sert donc, au CNRS, d’être chercheur en changements puisqu’il ne s’agit plus que…d’égarer toutes les possibilités de changements ? ]]
CaSeSaurait : Quand vous dites “on évincera les esprits qui ne participent pas à la duplicité, et ce, bien entendu, de manière médiocre, par le déni, le reniement et le ressentiment. […] La médiocratie nous incite de toute part à sommeiller dans la pensée, à considérer comme inévitable ce qui se révèle inacceptable et nécessaire ce qui est révoltant.” (p.16) on perçoit des conséquences graves de cette médiocratie sur nos vies. Pour vous quelles sont justement les principales conséquences de la médiocratie sur nos vies ?
D’une part, l’individualisme. [ [lorsqu’il n’est plus que celui de l’avachissement et des corruptions auto-glorifiées…]]. D’autre part, la honte, la culpabilité. [[ l’intelligence qui demeure une haute exigence qui commence par elle-même, fait tout briller, au contraire. Dont la joie communicative. Être intelligent c’est donc aimer que les autres soient heureux. Et médiocres ? Tout l’inverse. Piégés, ces imposteurs – la médiocratie ne vient pas de la tête – la posture avariée de l’antiélitisme de la tête ne peut y avoir donc cours – oui la médiocratie c’est la vulgarité partout d’un cœur vraiment trop rabougri. Clair ?]]. Trois grands maux de l’époque. D’abord, sous les auspices de la « gouvernance », on a travaillé à faire disparaître du vocabulaire tout ce qui pouvait référer à des réalités de partage, d’entraide et de solidarité. Exit le peuple, l’intérêt général, la chose commune, les services publics, les sujets collectifs. [[ ce pourquoi ces égarés tentent tant à cacher leurs hideuses hures « d’inhumains » où se voient trop les rictus de leurs cupidités sans limites…]]. Exit également toute référence philosophique à la citoyenneté, à la « réPublique » comme principe ainsi qu’à la démocratie. En lieu et place de ces repères historiques se sont imposés les barbarismes des théories de l’organisation privée : l’« acceptabilité sociale » plutôt que la démocratie, les « parties prenantes » plutôt que les citoyens, la « société civile » plutôt que le peuple, le « consensus » plutôt que le débat, les « partenariats » plutôt que les projets politiques, l’« empowerment des individus » plutôt que la solidarité sociale, la « compétitivité » plutôt que l’entraide, les « normes » plutôt que les lois, la « responsabilité sociale des entreprises » plutôt que les contraintes sociales, le « développement durable » plutôt que l’écologie politique…[[bref que des mots, infiniment laids, et dont la saveur du savoir ne peut masquer d’extrême vomi…]].
Et ça continue : sans cesse les sémanticiens du pouvoir se ridiculisent à nous concoctent de nouveaux termes que des politiciens obnubilés par leur carrière et des universitaires obsédés par leurs subventions reprennent sans plus de scrupules [[ s’ils veulent ne laisser que des souvenirs de hideurs…repoussantes !]]. De cet individualisme profond, qui amène les gens à s’apitoyer lorsqu’on leur parle des glaciers qui fondent, du désert qui avance, des sols qui s’érodent, des déchets nucléaires qui nous donnent des cancers, de la température planétaire qui augmente, des écosystèmes qui se délitent, de l’État social qui s’écroule, de l’économie qu’on a assujettie à la finance, des États de droits qui se confondent aux paradis fiscaux… il ne reste pour toute réaction que l’impuissance et l’abattement. Du vigoureux Que faire ? de Lénine, on est passé au caliméroesque : Oui, mais qu’est-ce que je peux faire, moi, petit individu isolé devant TF1 ? [[Tout…il suffit juste de…commencer !]]]. Dans son monde, paradoxalement, la responsabilité devient entière [[mais que pour les autres, pas pour lui, l’indigne…escroc !]] : on nous dit qu’il nous revient de sortir du chômage, de nous rendre attrayant pour les employeurs, d’avoir la pêche sur notre page Facebook ou de devenir sinon un digne entrepreneur de nous-mêmes… Puisque structurellement presque tout conspire à nous faire échouer, il s’ensuit une honte de soi qui n’est qu’une colère politique retournée contre l’individu auquel on nous a appris à restreindre notre conscience.
CaSeSaurait : Vous abordez également le côté pernicieux de cette médiocratie en expliquant qu’elle nous demande de “jouer le jeu”, de se plier à elle “de manière obséquieuse”. Il est vrai que l’on entend souvent dire à propos de notre société, y compris aux enfants que l’on éduque, que “c’est le jeu, il faut l’accepter, il faut faire telle ou telle concession pour réussir“, comme s’il était obligatoire de nier ses valeurs, sa fougue ou ses pensées profondes pour trouver sa place dans la société. Vous qualifiez ce “jeu” de “vaste simulacre qui nous engloutit [comme] un manège que l’on dénonce un peu, mais sous l’autorité duquel on se place tout de même” (p.13). Pour vous, “penser de la sorte […] consiste en une démission de l’esprit […] et ce jeu « donne aux choses une allure inoffensive, ludique » [alors que] le revers des mondanités est violent. Plus encore, dans ce jeu « fondamentalement sans règles » tout deviendrait permis et, en réalité, jouer le jeu serait l’apanage des gens faibles puisque « pour ceux qui voient grand, “le jeu” consiste à surplomber la conjoncture pour la subordonner en en fixant arbitrairement les règles.” (p 47 à 49).
Vous touchez là du doigt quelque chose que nous vivons tous, qui nous taraude tous. Pourriez-vous nous dire en quoi cette façon de devoir “jouer le jeu” serait pernicieuse, pourquoi l’acceptons-nous pour la plupart sans broncher ?
Et surtout, « jouer le jeu » ressort d’une culture mafieuse. Cette expression, ainsi que la métaphore « mafia » qui est aujourd’hui utilisée pour dénoter à peu près tous les milieux constitués (les firmes pharmaceutiques et la corporation des médecins, les cercles universitaires, les partis politiques, les syndicats même…), témoigne de la façon dont le modus vivendi mafieux prolifère parmi nous. Elle porte sur des formes d’organisations parallèles, des règles non écrites toujours susceptibles d’évoluer, des rapports cyniques à la morale et aux règles élémentaires, la mise à mort symbolique de ceux qui ne jouent pas le jeu, une acuité obsessive dans l’identification de la constitution et la transformation des lieux de pouvoir, le déploiement d’un échiquier de référence qui se décale beaucoup des institutions formelles [[ très facile donc de traiter ces mafieux avant tout comme des désaxés trop décalés, des déviants trop tordus ou des malades d’égarements en qui nul-le ne peut faire confiance !]]… En France, la petite histoire, pour ne pas dire l’histoire petite, de Jérôme Cahuzac l’exemplifie très bien. Mais on l’observe à toutes les échelles. L’avenir est aux médiocres.
Malheureusement, de telles dynamiques encouragent les gens sans convictions ni passions [[ sauf que « nous passions avec nos passions » prouvent à quel point l’ardeur et l’amour percent absolument tous les murs – et que nous voyons des ex-êtres dans leur cagibis étroits qui se laissent pourrir sur place – où sont les avantages ontologiques de tels marchés de dupes ?]] qui se lèvent le matin en dédiant toutes leurs énergies à comprendre comment ils manœuvreront pour tirer leur épingle du jeu, en singeant toutes les formes prisées par le pouvoir, tandis que ceux et celles qui s’en tiennent à des exigences spécifiques et à des aspirations définies de manière indépendante font figure de myopes dans ce jeu. L’avenir est aux médiocres.
CaSeSaurait : Vous abordez un autre phénomène qui fait notre quotidien et dont on entend peu parler : celui du prix psychologique à payer pour les plus faibles qui sont broyés par ce système qui sert les intérêts de quelques puissants. Pour résumer, les pauvres devraient se contenir pour obtenir toujours plus d’argent et seraient obligés de se comporter de manière humble, modérée et obéissante quand les riches s’en dispensent (rêvant à devenir encore plus riches, car ils savent que cela revient à s’épargner ce refoulement permanent et usant). Comble de l’horreur, les plus démunis n’auraient même pas le droit d’exprimer ce malaise sans passer pour fous, affabulateurs. Or ce refoulement, psychologiquement usant, serait tempéré via des exutoires comme la consommation et que c’est ainsi que l’on finirait par tenir le peuple.
Dans la droite lignée de cette réflexion, vous précisez que ce qui semble le plus important est donc d'”être riche psychiquement » car cela revient à « se donner les moyens de manifester aussi aisément et fréquemment que possible ses volontés psychiques [et de] surtout ne pas devoir les contenir dans un coûteux processus de refoulement“. Est-ce là votre premier conseil à tous ceux qui voudraient lutter contre la médiocratie ? N’y a-t-il malheureusement pas des conséquences, des sanctions du système mises en place contre ce genre de “rebelles” ? [[il n’y en aucune de sanctions individuelles si nous usons d’imaginations…il est parlé d’une ambiance générale qui salit tant la société…]]
En effet, dans La médiocratie qui reprend des thèmes multiples, il est question de la façon dont Simmel et Freud nous permettent de comprendre que l’argent touche à l’économie dans la mesure où il autorise ceux qui en disposent et qui portent les attributs de sa possession de faire l’économie d’un refoulement psychique auquel se trouvent au contraire tenus les gens désargentés. L’arrogance affiche de la superbe [[sauf que, derrière cette vitrine, la vie intérieure n’est surtout pas « superbe » mais…désastreuse…]] chez les gens riches tandis qu’elle apparaît vulgaire lorsque les gens pauvres la manifestent.
CaSeSaurait : D’ailleurs, à tous ceux qui voudraient lutter contre ce règne ambiant de la médiocrité, quelles sont d’après vous les meilleures armes ?
La pensée critique. Ne plus laisser les termes idéologiques et les assertions du pouvoir gagner le siège de la subjectivité et dicter la grammaire des pensées que nous ferons nôtres, mais traiter ces idéologèmes comme des objets auxquels on fait subir un rigoureux examen critique. Pour ce faire, il importe pour un esprit, comme le signalait Edward Saïd, de résister aux avantages de l’expertise pour se faire intellectuel, c’est-à-dire penser en fonction des ressources propres à l’esprit et non par rapport aux modalités instituées par des appareils corrompus de pouvoir [[ qui s’est trop aplati une fois ne pourra plus en faire un plat de rester tout le temps…tout plat ! Cela semble rendre sans reliefs de se contenter des reliefs des illégaux festins de maîtres profondément illégaux… ]].
CaSeSaurait : Page 187 vous énoncez que “c’est en partageant le point de vue de l’idéologie qu’on peut chercher à le renverser. La révolution n’est point davantage spectaculaire“. Vous ne pensez donc pas forcément que quelqu’un qui réussit dans la médiocratie est forcément un médiocre lui-même ?
Je me suis intéressé dans ce passage à la façon dont l’art arrive en certaines circonstances à nous faire partager la perspective qu’ont sur les choses les oligarques. Comprendre leur point de vue, ce qui revient aussi à concevoir en fonction de quels points aveugles ils croient nous surplomber, et faire voir que l’on voit, c’est faire perdre à l’idéologie ce à quoi elle tient le plus, [[elle seule va tomber de vraiment très haut !]] la certitude de nommer le vrai tel quel et à participer de la nature des choses. Soudainement, cette subjectivité rendue particulière perd de son autorité, il redevient simplement une dérisoire option, dont on apprécie rapidement la pauvreté et le caractère intéressé. [[des vies plus… ratées que ces fausses « success stories » non, mais c’est vraiment faire exprès de rester…tout le temps con-ne !]].
CaSeSaurait : D’après vous, à quoi se reconnaît un “serviteur” de la médiocratie et est-ce possible d’y faire face sans avoir à jouer ce fameux « jeu » dont nous parlions plus haut ?
La question est très générale alors que les cas particuliers auxquels elle réfère implicitement excèdent la capacité d’une seule personne de les concevoir. Il reste que la question du langage apparaît cruciale. Refuser l’« approche client » dans les institutions de bien commun relève aujourd’hui de la résistance. Si les universitaires, les pharmacologues ou les artistes faisaient valoir la notion de « services publics » face aux puissances du marché qui tentent par tous les moyens de rendre strictement rentables leurs pratiques, nous avancerions…
CaSeSaurait : Du milieu scolaire et ses “éducastreurs” en passant par les études scientifiques peu fiables et le personnel politique qu’un tirage au sort désignerait plus pertinemment que des élections, La Médiocratie est un ouvrage éminemment politique en ce sens qu’il pousse à repenser totalement notre République dirigée par des “élites pensantes” pour le mal-être du plus grand nombre. Vous abordez d’ailleurs au chapitre quatre l’idée de révolution, mais vous ne pensez pas cette révolution au sens où on l’entend généralement (c’est-à-dire violente). Aussi, que préconisez-vous pour mettre fin concrètement au règne de la médiocratie ?
Sans en faire un programme ‒ ce n’était pas la visée ‒, il s’est agi dans ce livre de rappeler ce en quoi sobrement la révolution consiste, à savoir, lorsqu’on est progressiste, « rendre révolu » ce qui nuit à l’intérêt général. On reconnaît une révolution au changement de lexique qu’elle opère. On ne parle jamais de la même manière après un moment révolutionnaire qu’avant lui, et c’est en cela que je me suis permis de qualifier le passage à la « gouvernance » de révolution anesthésiante, parce qu’il s’est agi pour des pouvoirs de dissoudre les références à la pensée politique [[ peuvent toujours courir – l’ennui nauséeux qui les entoure en permanence dissuade plus fort que n’importe quelle colère…vraiment, ils/elles n’ont plus leur place dans tout ce qui est PUBLIC et réPublique ! ]].
Rosa Luxemburg a lucidement expliqué en son temps qu’un contexte historique était révolutionnaire lorsque le statu quo comportait aux yeux d’une communauté politique plus de risques que la perspective de le renverser. Cela survient quand ceux qui se targuent encore de représenter ce qu’ils appellent «l’élite» [[la fausse, celle qui empêche la véritable de venir réparer tous ses dégâts d’enfants attardés…]] perdent toute crédibilité auprès de ceux qu’ils subordonnent, tandis que se dessinent des perspectives attrayantes, qu’on souhaiterait autres que fascistes. Nous sommes à cette croisée des chemins. » Et nous avons déjà franchi des milliers de kilomètres en un nombre de mots assez limité. Pouvons-nous pulvériser cet insupportable enfer de la bêtise enchainée ?
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D’abord, vérifier si la médiocrité est devenue un défaut très recherché ?...« Par et pour les chiffres, le rendement, l’humain est de plus en plus nié. Nié dans la globalité de ses capacités, nié dans la pluralité de ses connaissances, niée dans la complexité de son être. Machinisé, rationalisé, standardisé, il s’attelle aux tâches limitées et répétitives qui lui sont demandées. « Récompensé » d’un salaire toujours plus maigre, coupé de toute force vitale, de tout élan créateur, et écrasé par une vision managériale du « toujours plus » [[ une cupidité nihiliste qui ne vise qu‘à détruire la civilisation]], l’épanouissement individuel se réduit à peau de chagrin [[ tout le marketing faux jeton des classes moyennes n’aura donc été qu’une vaste escroquerie que ces médiocres se sont, sans cesse, jetés aux visages des uns et des autres. Bien ridicule spectacle que les usuels usés qui se font « avoir » à chaque seconde par des maîtres qui font plus que les mépriser ! Comment, ils/elles font tout le « sale boulot » et ce sont des parasites incompétents qui en ramassent tous les …bénéfices ?]].
C’est insidieux. Parce que le médiocre ne chôme pas, il croit travailler dur. Il en faut des efforts, en effet, pour réaliser une émission de télévision à grand déploiement, remplir une demande de subvention de recherche auprès d’une instance gouvernementale, concevoir des petits pots de yaourt à l’allure aérodynamique séduisante ou organiser le contenu rituel d’une rencontre ministérielle avec une délégation d’homologues. Ne produit pas du moyen qui veut. La perfection technique sera même indispensable pour masquer l’inénarrable paresse intellectuelle qui est en jeu dans autant de professions de foi conformistes.
On a longtemps dépeint le médiocre en situation minoritaire. Pour Jean de la Bruyère, il est surtout un étourdi qui tire son épingle du jeu grâce à sa connaissance des ragots et des intrigues en vigueur chez les puissants. «Celse est d’un rang médiocre, mais des grands le souffrent; il n’est pas savant, il a relation avec des savants ; il a peu de mérite, mais il connaît des gens qui en ont beaucoup; il n’est pas habile, mais il a une langue qui peut servir de truchement, et des pieds qui peuvent le porter d’un lieu à un autre.» Devenus dominants, les Celse du monde n’ont personne d’autre à imiter qu’eux-mêmes [[ quels enfers qui se multiplient…que de vouloir « rester » médiocre !]]. Le pouvoir, ils le conquièrent progressivement et presque à leur insu. [[oui l’insu borné !]] …À force de chapeautage, de passe-droits, de complaisance et de collusion, ils coiffent les institutions.
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Laurence J. Peter et Raymond Hull ont témoigné les premiers de cette structure. Leur thèse est d’une netteté implacable : les processus systémiques encouragent l’ascension aux postes de pouvoir des acteurs moyennement compétents, écartant à leurs marges les «super compétents» tout comme les parfaits incompétents. Un exemple frappant: dans une institution d’enseignement, on ne voudra pas de la professionnelle qui ne sait pas respecter un horaire et qui ne connaît absolument rien de sa matière, mais on n’endurera pas davantage la rebelle qui modifiera en profondeur le protocole d’enseignement pour faire passer la classe d’étudiants en difficulté au stade des meilleurs de toute l’école [[ la mission si réussie va être calomniée (seuls les médiocres…diffament !) comme un échec flagrant !]].
À propos de l’université, la conclusion de Max Weber va dans le même sens. La médiocrité y est si prégnante que les choix institutionnels relèvent du «hasard». Comme aujourd’hui, les contingences administratives y sont maîtresses: «il serait injuste d’imputer aux petits personnages des facultés ou des ministères la responsabilité d’une situation qui fait qu’un si grand nombre de médiocres jouent incontestablement un rôle considérable dans les universités. Il faut plutôt en chercher la raison dans les lois mêmes de l’action concertée des hommes, surtout dans celle de plusieurs organismes […]», écrit-il dans Le métier et la vocation de savant en 1919. Encore aujourd’hui, son analyse fait mouche. Les contingences administratives sont toujours aussi maîtresses de l’institution. Le chercheur mû par des passions impérieuses, des intuitions fortes, une imagination souveraine et le sens du travail ne réussira que s’il a par ailleurs des dons lui permettant de manœuvrer dans les arcanes institutionnels où prévalent des critères quantitatifs et des enjeux clientélistes, soit les «conditions extérieures du métier de savant».
La médiocratie désigne alors l’ordre médiocre érigé en modèle. Le logicien russe Alexandre Zinoviev en décrit les aspects généraux dans un régime soviétique qui semble soudainement partager avec nos démocraties libérales bien des qualités. «C’est le plus médiocre qui s’en tire», et «c’est la médiocrité qui paie», constate le personnage du barbouilleur dans Les hauteurs béantes, le roman satirique qu’il écrit clandestinement à partir des années 1960. Ses théorèmes: «Je parle de la médiocrité, comme d’une moyenne générale. Et il ne s’agit pas du succès dans le travail, mais du succès social. Ce sont des choses bien différentes. […] Si un établissement se met à fonctionner mieux que les autres, il attire fatalement l’attention. S’il est officiellement confirmé dans ce rôle, il ne met pas longtemps à devenir un trompe l’œil ou un modèle expérimental-pilote, qui finit à son tour par dégénérer en trompe-l’oeil expérimental moyen. […] Globalement, cela engendre une tendance à la baisse du niveau d’activité au-dessous des possibilités techniques réelles.» Il s’ensuit une imitation du travail qui produit une illusion de résultat. La feinte fait alors foi de tout. La médiocratie amène ainsi chacun à subordonner toute délibération à des modèles arbitraires ainsi qu’à des autorités fantasmées. Les symptômes : tel politique se grattant la tête et manipulant ses lunettes comme il l’a vu faire dans les films; telle professeure demandant vainement à ses doctorants de «déplacer le chapitre trois devant le chapitre deux» pour justifier son autorité; telle productrice de cinéma insistant pour qu’une tête d’affiche rayonne dans un film dans lequel elle n’a rien à faire ou encore tel expert cancanant sur la croissance économique pour se positionner du côté de la rationalité. Certains seront sincèrement peinés de voir ces processus implacables laisser sur la touche les meilleurs éléments de la vie sociale, culturelle et scientifique, l’air de dire avec leurs yeux de chien battu: je crois, moi, en ce que tu fais, malheureusement les comédiocres qui pensent eux-mêmes en fonction de ce que les autres pourraient penser ne penseront pas comme moi.
Ce n’est plus seulement le biopouvoir au sens du dressage des corps qu’il convient d’associer à la médiocratie, mais également un psychopouvoir au sens du dressage des idées. Zinoviev: «L’imitation du travail se contente seulement d’un semblant de résultat, plus exactement d’une possibilité de justifier le temps dépensé; la vérification et le jugement des résultats sont faits par des personnes qui participent à l’imitation, qui sont liées à elle, qui sont intéressées à sa perpétuation.»
Les dépositaires de ce pouvoir, affichant un rictus si caractéristique, se contenteront d’adages tels que: il faut jouer le jeu [[ sauf « qu’il n’y a pas » de jeu du tout !]]. C’est-à-dire se jouer complaisamment des règles formelles dans des collusions multiples qui pervertissent l’intégrité d’un processus, en maintenant toutefois sauves les apparences, pour s’abuser soi-même. Il faut donc prétendre obéir à un jeu plus grand que soi alors qu’en vérité on en reconduit activement les règles en toutes circonstances, ou on les invente au besoin.
«L’expert» s’érige bien entendu comme la figure centrale de la médiocratie. Sa pensée n’est jamais tout à fait la sienne, mais celle d’un ordre de raisonnement incarné par lui et bien entendu mû par des considérations idéologiques. L’expert s’emploie à en transfigurer les propositions en objets de savoir apparemment purs – cela caractérise sa fonction. Voilà pourquoi on ne peut attendre de lui aucune proposition forte ou originale. Surtout, et c’est ce que lui reproche par-dessus tout Edward Said dans les Reith Lectures de la BBC en 1993, ce sophiste contemporain, rétribué pour penser d’une façon certaine, n’est porté par aucune curiosité d’amateur – autrement dit, il n’aime pas ce dont il parle, mais agit dans un cadre strictement fonctionnaliste. «La menace qui pèse le plus lourd sur l’intellectuel de nos jours, en Occident comme sur le reste du monde, ce n’est ni l’université, ni le développement des banlieues, ni l’esprit affreusement commercial du journalisme et de l’édition, mais plutôt une attitude à part entière que j’appellerais le professionnalisme.» [[ faux professionnalisme qui ne s’interroge jamais sur ses fondations et ses buts et dépasse, de loin, le taux d’indifférence et d’inhumanité qu’une vraie civilisation appelle…]].
La profession, ici, loin de la vocation entendue au sens de Weber, se présente socialement à la manière d’un contrat tacite entre, d’une part, les différents dépositaires de savoirs et, d’autre part, les puissances hégémoniques. En vertu de ce contrat, les premiers fournissent sans trop d’effort et sans engagement spirituel les données pratiques ou théoriques dont les secondes ont besoin pour fonctionner et pour se légitimer. Said reconnaît conséquemment chez l’expert les traits distinctifs des médiocres: «faire “comme il faut” selon les règles d’un comportement correct [[avec des résultats collectifs énormément « incorrects » et inexcusables, cependant !]] – sans remous ni scandale, dans le cadre des limites admises [[ non admises – sinon par une maigre minorité de marginaux asociaux ?]], en se rendant “vendable” et par-dessus tout présentable, apolitique, inexposé et “[[in-]]objectif”». Le médiocre devient dès lors pour le pouvoir un être-moyen, celui par lequel il arrive à transmettre ses ordres et à imposer plus fermement son désordre.
Ce fait social mène la pensée publique à sa perte. Il faut voir comment, dans les plus importants milieux de pouvoir comme la politique, le droit, les affaires, l’administration publique, le journalisme ou la recherche, des expressions telles que les mesures équilibrées, le juste milieu, le compromis ou la moyenne – jadis presque péjoratives – se sont imposées comme valeurs référentielles. Celles-ci interdisent désormais d’imaginer quelles positions éloignées de ce «centre» présumé peuvent encore exister pour permettre le proverbial équilibre. L’esprit se voit neutralisé par une série de mots centristes, dont gouvernance, le plus insignifiant d’entre tous, est l’emblème. Sous les auspices de la médiocratie, les poètes se pendent, les scientifiques de passion deviennent fous, les industriels de génie s’égarent en conjectures tandis que les grands politiques soliloquent dans des sous-sols d’église. Ce régime d’extrême centre est dur et mortifère [[le pire des extrémismes, celui qui ne se montre pas comme tel !]], mais l’extrémisme dont il fait preuve se dissimule sous les parures du moyen, faisant oublier que l’extrémisme a moins à voir avec les limites du spectre politique gauche-droite qu’avec l’intolérance à l’endroit de tout ce qui n’est pas soi. N’ont ainsi droit de cité que la fadeur, le gris, l’évidence irréfléchie, le normatif et la reproduction. On habillera tous ces travers de mots creux. Pis, le régime usera précisément de termes qui trahissent ce dont il a horreur : l’innovation, la participation, le mérite et l’engagement. Puis on évincera les esprits libres qui ne participent pas à la duplicité, et ce, bien entendu, de manière médiocre, par le déni, la lâcheté, les mensonges, le reniement et le ressentiment. »…Nous avons donc réussi à encercler ces graves fauteurs de troubles, ces ennemis frontaux de la société – les médiocrates indignes – les prochains textes (n’ayant plus besoin de discriminer le maigre terrain de leurs agissements réels) pourront donc démontrer et montrer comment nous pouvons mettre fin à cette si nocive absurdité !
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Oui, cette longue étude émancipatrice et tant libératrice doit aller au fond des choses afin de bien ressentir, affectivement et émotionnellement, combien ont rampé, se sont dissimulés ces médiocres sans cœur. Ce qui n’a que des bienfaits dès que nous en PRENONS CONSCIENCE. Ainsi, aucune légitimité ni légalité ne s’attache à leur pas. Ils n’ont jamais procédé selon les lois de la réPublique. Ils en, ont perdu tous leurs droits à « faire semblant » de diriger…Plus d’autres conséquences tellement réjouissantes que nous verront en (2).
Puisque – la bonne nouvelle – en aucune situation, nous n’avons pas à...
.........OBÉIR à ces médiocres qui ne règnent pas vraiment.
.......Et qui ne peuvent jamais présenter une vision collective digne d’être obéie !
…..….………(à suivre)
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…toujours dans la rubrique : "Quelles sont les têtes qui NOUS aident vraiment ?"
Que la vaste compassion nous grandisse et nous nourrisse !!!
Sous copyleft……pour tout ce qui reste à but non lucratif
tous ces posts sont effectivement reliés à une pensée globale ***
**** trouvez, aussi, un compliment à cette réflexion sur le site internet à téléchargements gratuits http://www.freethewords.org/, onglet 1 "Les mamelles du repos", "Remue- ménage" et "L'athéâtre" ; onglet 2 " Comment devenir un (e) athée du capitalisme " ou bien "La star des stars", "L'ardeur sociale" ou bien, encore, "Présent !" ; onglet 3 ; "La diction du dictionnaire ou comment rendre tous les mots physiques", "Nul n'est nul", "Je ne parle plus à qui a raison" et "Rien de plus solide que le solidaire" ; sinon, onglet 4 "Où trouver encore du sérieux ?", "L'intelligence indestructible du capitalisme ?" ou bien, encore, "Assentiments aux sentiments".
Résistances au changement Impliquent changement de résistances
Structurellement, les classes moyennes ne savent plus penser
Pas de République si le politique ne prime pas sur l'économie.
La prospérité c'est pour tous, la richesse pour la minorité
L’Économie ? C’est ce que l’on nous jette entre les jambes afin de faire tout autre chose !
Je suis responsable de ma parole non de la compréhension des autres
Le futur n’appartient qu’à qui en prend l’initiative
Le spectacle est une misère pas une conspiration
Le si rare moment de la jubilation
La façon d’écrire se nomme infini respect
Arrêter de sous-traiter nos besoins et nos savoirs
Plus il existe d’opinions très différentes, moins le monde risque de se tromper
Nous ne pouvons pas trouver de solutions si nous ne connaissons pas la réalité de la situation.
Faisons le vide des prétendus dirigeants à l’intérieur de nous !
Nous n’avons pas besoin de ce système pour le supplanter !
Nous sommes la santé de la société
…les anti-élites actuelles ( celles qui empêchent les vraies élites de réparer leurs dégâts !)
Trouver ce que nous ne cherchons pas ?
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Si ce post a su retenir votre attention dans les 4 500 autres (disponibles ici) il doit y en avoir de bien plus décoiffant. Qui vous boosteraient encore plus. C'est le si cher chercher cher… on y trouve plus que prévu
C’est là que la médiocratie a commencé à devenir si évidente : 2 présidents tels des boulets complètement pas à leur place, des hyper médiocres. Cela va tellement à l’encontre des solutions collectives, du rationnel et de l’intelligence !
Les médiocres qui font semblant de gérer…mais laissent aux vrais adultes tous « leurs » dégâts énormes à réparer ! (donc - de très ridicules incapables !)…
Ceux qui disposent de l’argent peuvent faire l’économie d’un refoulement psychique auquel se trouvent au contraire tenus les gens désargentés.
[La révolution] survient quand ceux qui se targuent encore de représenter ce qu’ils appellent « l’élite » perdent toute crédibilité auprès de ceux qu’ils subordonnent
La révolution industrielle et la division du travail qui l’accompagne ont contribué à formater le travail de façon à rendre… interchangeables ceux qui s’y sont trouvés soumis
Les sujets d’un tel régime sont invités à développer leur « capital social », « capital santé » et « capital beauté » en se faisant entrepreneurs d’elles et d’eux-mêmes pour mieux apprendre à se vendre. Ces subordonnés se voient donc enjoints à deviner, si ce n’est à désirer l’ordre des attentes qu’entretiennent les dominants envers eux.
Cette colère et cette frustration s’expliquent par l’exigence que l’on retrouve […] de correspondre à certains standards qui agissent comme des cancers au détriment des puissances de conviction et de pensée des gens. [[il faut, en effet, avoir le cœur plus que pourri pour parler de post-vérité (comme de post-amour ou post-respect !). Le seul post digne c’est le post-médiocratie. Vite quittons ces insupportables médiocres !
« L’extrême-droite survient comme une prothèse de l’esprit auprès des spectateurs las [des intrications de la « gauche » au pouvoir]. La pulsion de mort est son moteur, la fin de la pensée complexe son fantasme et l’éradication de toute différence sa solution. Il s’agit moins pour elle d’œuvrer à l’édification de quelque peuple qu’à son enfermement dans une représentation sclérosée qu’on lui tend tel un miroir. » (Alain Deneault, Politique de l’extrême centre.)
Rien ne nous oblige à nous couvrir de prothèses techniques : cette non-confiance dans nos corps se paie au prix trop fort...
S'affliger des effets tout en adorant les causes!
Comment expliquer l'existence avérée de ces légions d'individus qui peuplent la société occidentale, l'encombrent, l'alourdissent et surprennent l'observateur attentif par leur absence étrang...
http://reseauinternational.net/saffliger-des-effets-tout-en-adorant-les-causes/
Alain Deneault, contre le « penser mou » - "La Médiocratie"
" Le football ne doit plus se laisser prendre par l'idéologie mortifère de l'égoïsme libéral "
Dans une tribune au " Monde ", Richard Bouigue et Pierre Rondeau, bons connaisseurs du ballon rond, appellent à réguler un marché où règnent inégalité et précarité. Le Monde | * Mis à jou...
Partout où les médiocrates passent tout va mal. Le sport ? Il n’est plus question du « vrai » sport que des magouilles sordides de l’égoïsme libéral. Egoïsme libéral qui ne sème que la mort, d’après deux connaisseurs du terrain Partout explosent des injustes inégalités alliées à des précarités ahumaines…Le football ne doit plus se laisser prendre par l’idéologie mortifère des médiocres !
"Médiocratie", quand l'insignifiance prend le pouvoir. Le capitalisme ne peut cohabiter avec l’intelligence parce que ses fondations ne peuvent sérieusement être questionnées ! Devant la loyauté et la perspicacité il s’écroule !
Le crime capitaliste, incompris par ceux qui en profitent. Ceux qui profitent de ce système ne le comprennent pas du tout eux-mêmes ! Tant qu’ils ne feront pas preuve d’un minimum de sincérité – ils resteront bien plus…inhumains qu’ils ne le sont en réalité !
La médiocratie française (quelques aspects seulement)
Gilbert Rozon se fait donner la leçon par le professeur Alain Deneault à Tout Le Monde En Parle
Les gouvernants sont devenus des gestionnaires incompétents, les universitaires ont été poussés à produire davantage, les étudiants ont été contraints à ne penser leur avenir qu’au sein de l’entreprise et les médias vendus ont endormi les masses. C’est que la démocratie n’est plus (et n'a jamais été organique sous l’indigne règne bourgeois) : bienvenue en *MÉDIOCRATIE ». Le terme de « *médiocratie* » caractérise « le gouvernement illégal de la classe moyenne ». Avec le temps, son acception a évolué. Elle définit aujourd’hui « *la domination des médiocres* », « ce stade moyen hissé au rang d’autorité [[qui ne peut en montrer aucune !]] » La faute à qui ? Sans doute d’abord à une *cohorte d’imposteurs* qui ont pu s’ériger en… experts et délivrer du matin au soir leurs recettes toutes faites pour que « le pays s’en sorte » - de la pure novlangue orwellienne. Mais aussi à une partie de nous-mêmes qui…*avons laissé* impunément s’installer et prospérer ceux que l’écrivain allemand Hans-Magnus Enzensberger qualifie d’« *analphabètes secondaires* ». Et nous, ex-citoyens qui subissons cette exigence permanente de rendement, cette « torture », *pensons-nous seulement à des moyens concrets de remise en cause de cette abjection économique, sociétale ? Oui, mais le plus grand nombre ne veut fournir…aucuns efforts, ni de pensée, ni de cœur, ni d’union (et glissent donc vers la…médiocratie, tout en faisant « semblant » de la critiquer)). Ce renoncement, cette apathie généralisée, s’expliquent par le fait que les citoyens sont de plus en plus *biberonnés au lait télévisuel qui affaiblit les cerveaux et annihile toute contre-offensive intellectuelle.* La société du spectacle est redoutable tant est grande sa capacité à tuer la moindre tentative de résistance (sauf qu’elle incite des résistants tranquille, que rien ne peut décourager et qui vont l’imploser comme sans paraître y toucher !]]. Tout (ne) peut être récupéré pour être si peu présentable. : « La corruption menace indéfiniment la démocratie, mais du principe de démocratie désormais corrompu découle un nouveau régime qui répond au nom de "gouvernance" ». Pourquoi ? Parce que, selon Alain Deneault, nous croyons encore à l’idée d’un hypothétique « ruissellement économique ». Nous nous imaginons que l’enrichissement de certains finira bien par nous profiter un jour [[pensée de fraudeurs et d’escrocs hyper égoïstes]]. Nous oublions, mais l’auteur nous le rappelle, que la richesse appelle la richesse et qu’elle n’alimentera que l’entre-soi : « en 2013 […] les Chinois fortunés avaient placé 658 milliards de dollars dans les paradis fiscaux. Ces données sont continuellement en hausse. » Il ne devrait pas être nécessaire d’en rajouter pour provoquer une *colère citoyenne absolument légitime*. Nous devrions depuis longtemps *former un bloc puissant de tous unis !* *Comment s’en sortir* ? L’auteur de La Médiocratie propose une *solution radicale* développée en conclusion de son livre : « *Procéder à une rupture des logiques pernicieuses et destructives. Collectivement s’affranchir. Rompre ensemble. Co-rompre.* » L’objectif à atteindre est séduisant et, en plus, excessivement ambitieux. Il cogne cognitif tant l’entreprise de sape intellectuelle a commencé tôt [[et donc va finir tôt, aussi !]].