Apprendre pour ne rien partager…

Apprendre pour ne rien partager? N'est-ce pas comme contre indiqué, contre productif, contre humain ? Robert Reich, dans "L'économie globalisée" (1992), en ce chapitre sur "la formation des manipulateurs de symboles" (dont les plus récentes expériences scientifiques ont (dé)montré que "manipuler des symboles ce n'est pas penser" – alors que avons si crucialement besoin de "vrais penseurs", pas d'eux, de ces magasiniers d'images !) avait alerté sur le crétinisme états-unien (qui "se rend visible" lorsque vous y trouvez plus d'1/3 d'obèses des années après !). " Ne vous parlez pas! N'échangez pas vos notes! N'aidez pas votre voisin! Ici, encore, on pense que le plus efficace est de pouvoir évaluer les performances individuelles" (pp.16 et 17). Alors que Galbraith avait montré que "la concurrence n'existe pas réellement dans le règne des multinationales" persister, ainsi, si aveuglément et de si obtus entêtement, dans cet acharnement "irréaliste" (alors que tout prouve que coopération et mutualisme créent les résultats les plus probants!) n'a plus produit que des "arriérés émotionnels" (Q.E.). "Les sciences sont typiquement visitées selon une route tracée à l'avance, commençant au début du livre ou de la série en cours et se terminant à la conclusion. Les étudiants (en démocratie) n'ont pratiquement jamais la possibilité d'explorer le terrain par eux-mêmes" (ibidem.)
Ce grave manque d'esprit pratique "ignore" (le comble du non-savoir) "l'autre monde" qui rend possible "d'explorer systématiquement un ensemble de possibilités et de résultats et, ensuite, les tester par sauts intuitifs en les opposant à des hypothèses antérieures " (ibid.). Tout "réalisme" concret a fui ces esprits s'autoproclamant "réalistes". Puisqu'ils n'apprennent jamais "que les problèmes peuvent habituellement être redéfinis selon l'endroit d'où l'on regarde dans un vaste système de forces, de variables et de résultats, et que des relations inattendues et des solutions potentielles peuvent être découvertes en prenant du recul" (ibid.) Robert Reich vient de nous offrir une excellente définition de la démocratie. Apprend-on la démocratie à l'école, ce qui semble raisonnable? Pas du tout, vous n'apercevez que l'imposition d'un centralisme sans aucun débat et dont la "gadoue insensée" n'aboutit qu'à un irréalisme généralisé. La hiérarchie obtient les plus grands gaspillages humains, tant qu'une démonstration rigoureuse de ses bienfaits n'est pas apportée.
Robert Reich, dans "L'économie globalisée" (un des rares ouvrages réellement réfléchi sur le sujet!) redresse la situation: "l'éducation d'un courtier stratégique en herbe implique le perfectionnement de 4 facultés fondamentales: l'aptitude à l'abstraction, à la pensée en terme de système, à l'expérimentation et au travail en équipe " (ibid pp. 16 et 17). Pour l'expérimentation et au travail en équipe nous avons perçu à quel point ces 2 fondamentaux sont interdits. Pourquoi? "Quelque soit la nature de ce qui est communiqué, la leçon fondamentale reste la même: c'est quelqu'un d'autre qui a la responsabilité d'interpréter et de donner un sens à ce tourbillon de données, d'évènements et de sensations qui nous entourent". Cette grotesque trahison de tous les devoirs d'éducation (apprendre" la pensée en terme de système" comme cité plus haut, lâchement abandonné pour l'irresponsabilité systémique: le capitalisme ne "veut rien savoir" de "son coût réel" et de "l'ampleur de ses conséquences destructrices")- n'est plus combattue que par les anti-conformistes transversaux. Le vrai écrivain obtient une valeur d'émancipation maxima. Puisque l'anti-éducation officielle propose, partout, un tableau de désolations (plus " d'aptitude à l'abstraction", avec esprit de synthèse, manquant si gravement à nos Sociétés). Bref, un fiasco total sur le programme minima de formation des héritiers…
"Offrant des faits et des chiffres sous formes de bouchées d'histoires, de géographie, de biologie et d'économie, comme si chacune de ces disciplines était distincte et non reliée aux autres". Coupant de toute progression de raisonnements (apprendre à comporter son savoir !) comme de toute possibilité de discernement. Saccageant barbarement les cerveaux – ce qui condamne le système qui (clair délinquant!) se le permet. C'est que Robert Reich, ancien ministre du travail de Clinton-I, se montre, aussi, perspicace écrivain: "le marché n'a pas été créé par Dieu au cours des 6 premiers jours (…)c'est une création humaine, la somme changeante d'un ensemble de jugements à propos des droits et des responsabilités de chacun ". Cette somme changeante d'un ensemble de jugements à propos des droits et des responsabilités de chacun – devrait former le socle de toutes les décisions collectives? Que non point! "Les juges et les législateurs, aussi bien que les fonctionnaires, modifient, et adaptent sans fin, les règles du jeu, d'ordinaire de façon tacite, souvent sans en avoir l'intention ; ils agissent toujours sous l'œil vigilant, et quelquefois sous la direction d'intérêts qui sont directement concernés par les résultats de décisions particulières. Dans la mesure où la rhétorique décrit le problème comme celui d'un choix suprême entre intervention gouvernementale et marché, elle trouble notre jugement." (ibid.).
Ces "ponts entre tous les savoirs" illustre, ici, un savoir physique, une sensualité perçue en direct par un ministre parmi d'arrogants fats. Cette irremplaçable approche nous permet de charger d'émotions et d'affects toute construction mentale (multipliant les grilles de vérification!). C'est qu'à cause de la déraison capitaliste, la Société fonctionne dans l'inconscience la plus risquée. Rien n'est explicité, élucidé, précisé, formulé: tout demeure dans le flou impraticable et l'inaction suicidaire. Aux esprits lucides de produire des contre-feux.
Nous venons de "globaliser" comment de dangereux irresponsables dirigeants ont salopé, sali, pollué le fonctionnement réel de l'intelligence. Désormais, penseurs et écrivains nettoient leurs écuries d'Augias. La majorité de ces incompétents dirigeants semble, d'ors et déjà, devoir être mis sous tutelle…
Le mouvement unifié de la pensée, après des décennies d'interruption, peut désormais reprendre son cours...
( à suivre)
trouvez un complément à cette réflexion sur le site internet freethewords.org, onglet 3 "Why do we left the left wings ?", onglet 2 "Comment devenir un (e) athée du capitalisme" ou, encore, onglet 3 "Légalité de l'égalité".