Ce qui n’est jamais dit entre hommes et femmes ? (6)
Le téléphone strida.
- Helo Genuine, comment va ?
- Merveilleusement ! Je reviens de Loehmans, j'ai trouvé pour 200 bucks de trésors de sapes.
- A ce prix là elles doivent être géniales.
- Sûr ! J'ai en vue une fourrure à 500, je te dis que ça ! Et toi Doll ?
- Oh ! J'ai changé de collant !
- De quoi ?
- Oui de mec, de collant quoi !
- Ah bon ! T'en as de ces expressions toi !
- Realistic ! Je te laisse, bye !
Le tout sirupé entre ces deux visages encore gonflés de corn flakes et d'enfance insonorisée. A faire perdurer ces conversations à saveur de compulsives maniaques. Cette suffisance qui leur suffit de tout ! Au pays de la valeur qu'est-ce que je vaux ? Tout ce que j'ai et même tous ceux que j'ai... EU ! arnaqué ! Uniquement ! Pourquoi donc ce rangement mental voulez-vous y introduire le changement ? "Si tu veux tu as le droit de le faire " reste un dicton affairiste qu'il est recommandé d'utiliser dans sa vie personnelle. Pour réussir. Alors je vaux je veux ou je veux je vaux ? Le volontarisme affairiste ne sait-il pas plus aligner les mots que les jouets des tests psychologiques ? Sinon comment se dépendre des êtres lorsqu'il y a tant de nœuds coulants ?
Pas facile l'autarcie à la romaine !
Bill avait épousseté ses pieds toute la journée. Pour le moment, il vacille dans une ruelle sombre du Bronx, sans doute entre Tremont et Melrose. Il venait de dépasser quelques épaves de bagnoles où croupissaient quelques bums, des îlots de pneus pour faire mangeoire. Il ne gardait que sa Doll dans les yeux : ne regardait rien d'autre ! Et ne songeait pas plus à la gangrène des gangs qu'à un dim. S'ils sont aussi bien les ganglions, les glandes de la ville, les lions des gangs-Bill semblait s'en battre l'œil. Il n'avait même pas remarqué, un block avant, ces trois Y qui avait étrillé ce grand type qui sortait ses deux copines.
- Dégage, skip it, et laisse-nous tes filles.
- Bande de minables, vous allez voir, tenta-t-il, mais un des Y le frappait déjà dans le dos et le second lui dessinait la veste d'un Y sanglant ; le dernier, faisant tournoyer sa chaîne, le fit splitter dans l'angle. Malgré les hurlements des filles, ils les embarquèrent sous un porche propice. Bill avait-il entendu ?
- Eh toi sucker, on a un mot à te dire, l'entourèrent quatre N. Bill fendait toujours son aveugle route. Comme sa lèvre soudain ; telle une menace avait été interprétée sa trajectoire. Au deuxième coup il tituba, et deux N, lui maintenant les bras en arrière, les deux autres lui égrenaient des coups dans le ventre.
- Eh pourri, tu vas nous dire où sont ceux de ton gang ? Qu'est-ce que vous avez fait des filles ? Crache sinon tu vas cracher tes dents !
Dans son hébétude, Bill ne s'était même pas aperçu qu'un des Y, plein d'humour, lui avait filé, sur les épaules, un blouson à leur signe.
- Je cherche Doll, ma woo-man, tenta-t-il d'expliquer.
- Ce n'est pas lui ! haletait le grand type, conservé sur le côté, pas lui !
- Comment tu avais parlé de la bande des Y, glapit un des N en raflant le blouson.
- Pourquoi vous me tapez dessus ? J'ai rien fait, je cherche Doll, commençait à s'interroger Bill, le souffle coupé et sifflant.
- I.D.Quick ! sortit sa plaque un des N.
Lorsque Bill les eut extrait douloureusement, celui-ci griffonna vaguement sur un carnet.
- On fait un sting, alors t'écrase, t'as rien vu !
- Mais c'est quoi un sting ? se frottait les côtes Bill.
- On doit nettoyer les blocks de gangs qui attaquent les mecs, les blessent mortellement parfois, et enlèvent les filles pour les violer et les tabasser ensuite. Alors on se déguise, c'est pour ça que tu dois la fermer ! Et maintenant get lost, lui postillonna-t-il en lui fourrant ses papiers dans la poche.
Les undercovers s'étaient créé des personnages de gangmen, dans la peau desquels ils pouvaient sillonner tous les blocks en attendant le flag. Afin de nettoyer tout le quartier, ils avaient monté un scénario de mimétisme, gris comme les murs, déguisés comme les trottoirs, lamés comme des lames. Seule compte la couverture au royaume où seules les "success stories" importent : les undercovers l'avaient pigé, et, imposteurs professionnels, ils commençaient à tirer toute la couverture à eux.
Cette agression-régression n'était qu'un sting, une arnaque, digérait amèrement Bill.
Le "déguisement" endosse pourtant que c'est parce que plus personne n'a rien à se dire que fleurissent les gangs dans les rues. Au royaume de l'objet on a plus rien à dire ! juste à se dire prend sans te faire prendre ! Action ! Aussi pour illustrer cet état de choses, c'est le cas de le dire, le gang qui semble avoir tout bien saisi, fait de l'activisme de macadam, agite son trottoir de turf, décline son territoire, son cri de bête qui redit juste ce qu'il y a à dire, ses signes animaux distinctifs, sa reconnaissance qu'il marque du poing ou du couteau sur les corps, traitant ainsi de son mieux les humains comme des objets. Le refoulé fait toujours son retour !
Les rues délaissées sécrètent les animaux qui vous hantent. Il ne suffit que de le désirer pour qu'elles revivent. Mais rien n'est plus dur que le désir : qui va commencer ? Les femmes ne semblent plus rien "deviner" et les hommes avoir la trouille de désirer devinez quoi ?
Assis sur la berge de l'East river, Bill en était rendu à se souvenir. A lui et Doll lorsqu'il l'avait installée au Lower East Side, à l'angle de la 9éme et de l'avenue D. Où vivait-elle maintenant ? Comment la retrouver ? Ce matin la chance lui avait fait un sourire jaune. Elle l'avait pourtant toujours gâté, cela lui semblait si lointain, le temps où l'imagination débordait. Que n'avait-il pas osé pour lui montrer sa flamme ?
Amadouant la torchère Bill l'enflamma et, zigzaguant, mit le feu aux autres tonneaux, qu'il avait soigneusement disposés pour former le dessin du beau prénom de son aimée. Divulguant à tous yeux qui il adorait et pressentant que Doll serait charmée, puis reconnaissante, d'être ainsi glorifiée à la face de l'entière ville. Et puis le danger de le tenter : il ne pouvait prévoir les conséquences, qui de la T.V. ou de la police serait la première ? Mais le beau doit être excessif, et de sa fenêtre, Doll pourrait d'autant mieux savourer la grâce de son prénom enflammé. Et peut-être jubiler de le voir sur le channel : une gigantesque fête préméditée pour elle toute seule, l'attroupement, les cris, toute l'animation, l'admiration ou l'envie pour qui sait déchaîner un tel brasier.
Tout s'étant passé presque ainsi, Bill s'était sympathiquement fait arrêter et les manchettes des journaux avaient titrés "How Bill blazes Doll". De tout cela elle avait été très fière, mais pas particulièrement reconnaissante.
Vous pouvez lire et/ ou télécharger gratos sur freethewords.org , signet 1 tout le livre sous le titre… « Remue- ménage »
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(à suivre)
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Résistances au changement Impliquent changement de résistances
Structurellement, les classes moyennes ne savent plus penser
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