eldorado...
Alors des hommes métallisés, cuirassés, crurent que leur sang pourrait ne pas pourrir dans leurs vaisseaux. Ils traversèrent l'océan et arrivèrent devant les marécages de l'Origine. Mais y vibrait, sous les arbres en pleine richesse, l'or du temps…Les tribus de la Grande Course s'élançaient vers les dernières tribus du Soleil…
Ces hordes galopent encore en mon corps…
De nouveau, l'homme se retrouvait devant les secrets de sa vie : et; de nouveau , il voulait rejoindre le soleil qui l'hallucinait jusqu'au bout de son souffle…Son œil quitta son corps…ELDORADO : le pays doré dès l'orée…Sous leurs peaux tendues de convoitises, les mêmes contractions d'eau aux spasmes brûlants - qui sortirent la première femme et le premier homme de l'écrin de la matière - faisait ruisseler les rêves que ces hommes tenaient au ventre dans leurs greniers moites d'Europe…Ici, il n'y avait plus que le cerveau des entrailles qui hurlait leur fureur d'être propulsés au bout de leur liberté juteuse…Le corps à corps avec ces trésors qu'il fallait arracher au maris de feu : Eldorado…le pays où il suffit de se baisser pour ramasser l'or, aussi firent-ils se baisser les indiens à leur place - pour; de retour, se couler dans une peau étale attisée de la graisse des satisfactions ouvertes…Dans cette cuisine embrasée dont les pas ne s'arrachaient que pas ces succions dressées ardentes au fond des ventres…Dans cette cuisine, qui mettait les glandes en feu, tout l'intérieur de l'homme était d'algues bleues hérissées - comme seul le premier homme put le sentir… Mais, pour lui, n'était-ce pas les premiers élans de son corps marécageux s'ébrouant de la mer ? la respiration des rivières de ses poumons aspirée, en spirale, jusqu'au fond du soleil ? Et, puis, ne retomba-t-il pas, plus près de celui autour du quel la Terre s'enroula. Ensuite, les joues taries dans la même reptation, mais vers le ventre de la femme, n'avait-il pas oublié la bouche double du soleil dans ce pacte de la vie. Non, les hommes d'Eldorado, toute la peau retournée comme un gant vers l'intérieur, les ruisseaux de sueurs obstruant les appels de leur corps. Non, les hommes d'Eldorado n'avaient plus ces sortes d'élans vitaux…
Un pigment rougeâtre, serti d'écume rosâtre, leur était rentré dans le corps, passant du filet des poumons au cerveau des entrailles, s'insinuant dansa colonne vertébrale pour se crisper au milieu du cerveau… Aux triples galops de leur chair, une fièvre faisait craquer le sang, strider les nerfs, hurler les cœurs…Comme une liqueur enragée qui rythmait les stridulations de leurs yeux : elle se collait à la pierre inca, grimaçait devant les statues aztèques, attisait la danse de la paraffine maya…Un défilé souple pleuvait ses barreaux qui se refermaient , miroirs sans éclats, au fond de leurs têtes… En condensé, ils vivaient toute cette âme inconnue dans leurs yeux comprimés. La cloche de leur tête résonnait comme un cri au tempe, les cheveux battants. Le cerveau suait une pois sale, les anses jamais accostées de leurs inconsciences s'amollissaient comme de la gelée. Le pigment en forme de bulle leur fouillait le crâne jusqu'au délire. Ils étaient dépossédés de plus qu'ils ne pouvaient imaginer… Les derniers maillons qui saillaient comme mémoires des mots de la tribu venaient d'être engloutis dans les ténèbres de la folie…
Et les hommes de la Grande Course revinrent. Ils ramenaient les trésors que la Terre "leur devait"…Leurs vaisseaux croulants de toute la vie de civilisations dévastées : ils ne ramenaient de cette vie que cette bulle en eux ancrée…Comme une malédiction. Et depuis ne hantons-nous pas les dictions qu'il ne faut point articuler ? Jusqu'à la moindre lettre, le moindre mot. Qui ne correspond plus, non plus du tout, à nos réalités où le cordon ombilical est perdu entre le mot et son suc…le concret n'a-t-il ses concrétions. Comme le secret ses sécrétions. Et comme tout secret extrait, abstrait de tout, permet justement toutes nos abstractions…
Le mot tribu est choisi puisque permettant la distance par rapport à l'évènement. Alors que l'évènement ou plutôt les évènements décrits nous sont contemporains, de créer une distance participe des techniques de la résolution des conflits. Tribu donc. Les tribus du Soleil seraient ces peuples qui savaient, l'imaginaire résoudra tout…Les rêves ne seraient-ils pas les clés pour sortir de cette bulle qui nous cache au Rêve… Le rêve qui a tout le temps et tout l'espace, mais ne se peut vivre que comme présent, et à l'endroit même mis à l'endroit…Aussi, établissaient, rétablissaient, lissaient-ils leur vie sur l'autre partie de la réalité complète, les 9/10 de l'iceberg, miroirs d'hiver vernal bouillant, intuitions, fulgurances…A l'extrême opposé des tribus de la Grande Course, les tribus du Soleil les accueillirent, pourtant, tels des dieux radieux : pensaient-ils qu'ils étaient de forts rêveurs , ceux qui fendaient l'eau de l'ovale lourd d'un ventre de bois ? Étaient-ils bien sûrs qu'ils vivaient le Rêve, ceux qui rendaient au soleil le scintillement de miroirs de métal ? N'adoraient-ils pas, ne doraient-ils pas, eux-mêmes, ces "autochtones", le trône du Grand Inca qui pesait bien 2 tonnes et rutilait à des kilomètres, rehaussant les yeux des ombres colossales de statues d'attente, d'escaliers aux marches galopantes - pour mieux recueillir la corolle du champignon massé au fond des corps et la lancer , au milieu de tous ses reflets, vers ce soleil qui donnait tant d'extases, en dansant si bien la ronde de l'univers ? C'est que ces indiens croyaient rejoindre de grands frères…que n'auraient été les joies de redoubler les émerveillements de vivre ? D'enfants aux rêves, aux vêtements et techniques, aux émotions si différentes, n'allait-on pas sentir ce Présent qui était déjà tous les mots de la Terre ?
A s'y mettre tous ensembles, il semble !
Oh que non ! nous n'étions enfants de rien et surtout pas de la Terre,
…etc …a suivre…