Langage non violent
Ambition absolue. Ne pas contraindre à répondre par un faux oui. Tout en restant en position de ne pas être, soi- même, blessé-e que les réponses soient oui ou non. Ne pas interférer sur l'autre. Ne pas penser ou parler à sa place. Aller jusqu'à éviter "cette obscurité blessée qui proteste contre la lumière" de Sri Aurobindo. Une disposition au tout disponible qui devrait, tout de même, être précédée d'une société qui rende total DISPOS. Apaisé et apaisant. Preste et léger. Agile et rapide. Leste et prompt.
Vous devez encore conserver en chaque phrase un espace disponible et inoccupé afin que les autres y déploient, sans encombre, leurs réponses. Les moyens ? Principalement, reformuler et vérifier les messages. Vous dites autrement ce qu'autrui vous a dit. Et vous incitez cet autre à répéter ce que vous venez de dire. Pas très grandiose ? Machinerie plutôt lourde ?
D'autant, que vous risquez de passer à côté de faits essentiels. Toute la littérature ou les enregistrements des conférenciers – prouvent à quel point le texte textile, la trame tramée des mots, la spiration conspiratrice (qui fait respirer ensemble) de la syntaxe oeuvrent à nous changer nos habituels circuits mentaux, affectifs ou émotionnels. Une armature trop contraignante risque d'éteindre tout feu créatif comme toute lumière de pensées.
Oui se montrer aveuglé(e) par une technique au point de se croire investi(e) d’un savoir absolu, peut parvenir à alourdir la communication au point de l’étouffer. Vous-même tout mécanisé(e) par cette si merveilleuse technique ne faites plus que communiquer sur communiquer. Toute spontanéité est bannie (donc toute vraie conversation !) et vous allez même jusqu’à en accuser les autres de cette extinction des dialogues.
Toute technique qui prend la place du but recherché (ici communiquer) devient ennemie de ce but. La non violence c’est une ambition digne de toutes les attentions, mais l’instauration procédurière d’un langage non violent (vous seul en êtes convaincu (e) à la fin !) ne se montre pas si non violent que cela, en fait !!!
Reformuler sans cesse peut castrer le contenu réel des paroles, les restreindre à quelques formules standards. Et contraindre les autres à résumer votre message c’est mettre un telle pesanteur entre les individus que votre conversation risque de ne jamais décoller. Ni produire du nouveau. Et de ce qui nous in-Forme, en nous donnant forme.
Au lieu de foutre de tel carcans n’est- ce pas bien mieux d’avoir la non violence dans le cœur plutôt qu’au bout de la langue ?
(à suivre)
trouvez un complément à cette réflexion sur le site internet freethewords.org, onglet 1 "Les mamelles du repos" et "Remue- ménage", onglet 2 "Présent !", onglet 3 "La diction du dictionnaire", onglet 4 "Nul n'est nul" ou, encore, "Je ne parle plus à qui a raison".
Résistance au changement Implique changement de la résistance
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