Les désauteurs
Défaire tout ce qui a construit ce merveilleux mot de civilisation. Se destituer de tout ce qui a constitué les prouesses et exploits envisageables. Se dessaisir de tout moyen adulte d'action sur le réel pour se calfeutrer dans le non-sens d'une adolescence prolongée. Vous diriez, non c'est impossible. Non, c'est malsain, contre-productif, du pur abandon (et c'est là, effectivement, que se situerait "le dit syndrome de l'abandon" ! congédier toute beauté, toute vérité, toute bonté !), de la désertion, de la défection ou de la débandade. Défaitiste contre son camp, comme devenir un de ces "assassins" dont parlait Arthur Rimbaud…Vous vous diriez tout ceci et bien plus, que le bon sens vous donnerait entièrement raison, mais, au royaume des perversions, vous auriez bien tort. Et le tort crée tant de torts, commet beaucoup trop beaucoup trop de dégâts. Le tort ouvre à l'esprit des tortures: celui qui déraille qu'avoir tort c'est avoir raison. Que se tromper sur tout c'est se tromper sur rien. Qu'être con c'est être intelligent. Que ne pas désirer "devenir" génie c'est être génie. Que croupir dans un statut d'adolescent irresponsable qui veut tout trouver "amusant" (mais sans "savoir" jamais rire!) c'est être adulte. Que plus c'est superficiel plus c'est profond. Que moins c'est écrit plus c'est écrit. Que moins vous avez d'expérience plus vous avez d'expérience. Que de survoler un texte 2 secondes donne plus de "savoir" que d'y consacrer des heures. Que tout art, que toute littérature ne doivent servir, asservir, desservir qu'à ne pas être barbant, pas prenant la tête, pas formateur et (donc) pas transformateur (des vagues de fond qui pétrissent l'être et de ce fait ne l'amusent pas plus que ça, puisqu'elles le transmutent intégralement !) – alors que littérature et art c'est pour quitter les "barbantes" barboteuses (cette barbe du puéril comme seule loi! de ces "adulescents" qui rétrécissent toute vie à "juste" du mumuse pour chats, qui déchoient dans le pré- fasciste soit tu me divertis soit je te zappe !) et muter, enfin , en ce tout de "Tous" les possibles. Oui, oui, oui, il faut quitter ces diktats invivables et si cruels du tout amusement ressassé, du totalitaire de ce qui bégaye égaye aye émasculant tout, du jeu qui tue les je, qui défigure tous les thèmes et va empêcher, très vite, même, de dire je t'aime…
Rien, en fait, de plus barbant que quelqu'un qui dit que c'est barbant, non ? Qui prive les autres de tout sauf de son minuscule intérêt pour le "non difficile" ? Qui veut rabaisser tout le monde à la bêtise triste. Vouloir que l'intelligence collective s'élève, que tout le monde soit plus intelligent donc bien plus heureux – c'est bien aimer et respecter infiniment les autres ? Comme de vouloir l'inverse – c'est les désaimer et leur piétiner la tronche?
C'est donc trop possible de saccager systématiquement toute la civilisation. C'est très possible de vouloir empêcher que tout nouveau génie apparaisse, comme de niquer tous les talents qui se pointent. C'est vraiment possible de devenir le pire ennemi de soi-même et de se faire plus de mal que personne n'aurait pu le réussir (Andy Warhol persiste à avoir raison, dans un monde où TOUS les médias seraient "publics" donc loyaux et égalitaires, absolument tout le monde aurait son "1/4 d'heure de gloire" ! Empêcher l'émergence de ceci ne semble pas très "glorieux" en soi!) – en ravageant, par la même désoccasion, tous les accès collectifs à l'émergence des talents et génies...le tout supérieur aux parties et donc tout le monde ne peut que gagner à un réel esprit collectif, et…et trop d'etc… Vous ne voyiez pas les choses sous cet angle ? Le réel reste le réel et les têtus totaux ne sont pas du côté des capitalos…ce n'est pas parce que vous aviez des pulsions de fuite devant la vérité, que vous devriez persister ! ce n'est pas parce que le "monde à l'envers" qui vous donne quelques frissons (le nul a barre sur le génie! purée quel pied! mais ça dure, exactement, combien de temps ? et, après, à qui le tour de se faire niquer, tiens à vous! mais la "cruauté collective" aura augmentée, grâce aussi à vous !!! donc…) que vous ne devriez pas admettre que le total des dégâts restât nettement en votre défaveur. En notre défaveur. Même, en leur défaveur. Au point que c'est le système où tout le monde est perdant et où il n'y a strictement aucun gagnant. Alors qu'une "bonne santé mentale et morale" collective générera bien plus de joies et de fêtes que tout autre choix. Puisque tout génie de civilisation génère le généreux maximum….
Quel désastre sans les astres, n'est- ce pas ? quelle mitée calamité ? quelle fatalité alitée ? quel drame qui rame ? quelle catastrophe sans autres strophes ?
Le fauteur auteur de tous ces carnages eh bien! c'est le DESAUTEUR !!! l'instigateur gâtant tout ! que ce complice accomplisse toujours le pire empire…le désauteur, le contraire d'un auteur. Il découd tout, il démembre, démaille, détricote, démantèle, démolit, décourage encore tout…Il se déguise en "auteur" afin de confisquer toute possibilité future d'existence d'auteurs. Il se cache derrière un faux "nous" pour tirer tout vers le bas, accélérer la déchéance collective dans le "tout livré aux passions tristes (jalousies, cupidités, mensonges, diffamations et un paquet d'etc.)". Plus aucun texte exigeant, plus aucun texte ambitieux. Plus aucun texte difficile. Plus aucun moyen de perfectionner sa compréhension et son intelligence. Le progressiste progrès ne progressera plus. Tous les jours nous allons devenir un peu plus stupides et un peu plus cruels, inattentifs aux autres et à nous-mêmes. Tout doit chuter, rien ne doit s'élever. Tout doit échouer, rater, achopper dans les échoppes du fric fou, aveugle et sourd à toute vraie réalité. Tout doit avorter dans la pacotille de textes effondrés, de textes trop faciles, de textes démagos, de laxismes laxatifs…S'auto- enlever tout son potentiel pour les potes…Se déposséder de sa plume pour tous, se dépouiller de sa plume porte- parole…Au lieu de se dire (comme je le tente!) même si je ne réussis pas tout, je transmets le meilleur de moi-même pour les suivants. Le désauteur osera, plutôt, je fourgue toujours le pire de moi- même. Comme la société est hyper complexe et que le respect de toutes les différences appelle des textes nuancés - donc difficiles puisque attentifs – je ferai dans le simplisme inefficace et le clinquant qui s'évapore en une seconde et aura, ainsi, spolié l'attention d'autrui. Rien n'y peut servir à personne, tout juste à asservir…Les désauteurs, comme la dernière résistance au changement (qui implique le changement de la résistance ?), la plus écumeuse, la plus bavante, la plus sale, la plus squameuse, la plus opaque ?
Ceci et bien d'autres …le cerveau sensualisé traverse, danseur aisé et solide, tous les savoirs, même les plus ardus (même la hideuse économie - c'est dire !), avec une joie "comestible" incroyable, un entrain qui locomotive le train collectif…ce n'est pas parce que vous êtes dégoûtés de la vie que vous devez en dégoûter les autres. Ce n'est pas parce que vous vous privez, très masochistement, des écrits ardus donc qui ardent l'ardeur joyeuse – que vous devez contraindre les autres à s'en priver…ce n'est parce que vous désirez l'échec pour tout le monde que cela doive se concrétiser…Ce n'est pas parce que vous n'êtes pas ambitieux pour tous les autres que vous auriez "le droit" d'en barrer le communautaire passage…
Le cerveau sensualisé souhaite la bienvenue à absolument tout le monde. L'auteur accueille vraiment oui vraiment tout le monde. Admirez ses "synonymes" à auteur: créateur, concepteur, inventeur, promoteur, fondateur, initiateur, constructeur ou bâtisseur. Rien que cela et tout cela !!! Etymologie, auctor "celui qui accroît", forme la toute cause, qui demeure à l'origine de, celui qui fonde (donc un des fonds cherchés!)…Tout génie généreux génère le futur. Toute la fécondité créatrice se trouve, dès lors, visiblement et clairement, de leurs côtés. Le désauteur, lui, exclut et renvoie tout le monde. C'est le "faiseur" défaiseur. L'ennemi du génie ne se dessèche que dans le passif passé - qui ne peut que rendre tout le monde passif et poussif. Et si infécond. Le cerveau abstrait se montre l'ennemi de la foule, incapable de louanges, eunuque des enthousiasmes, des envols ou des passions fortes, tirant sur tout ce qui passe à sa portée, ne voyant d'avenir que dans les décombres courant jusqu'au bout de l'horizon. Et ne connaissant qu'un seul et unique acte: tout rabaisser, tout disqualifier, tout salir, tout mentir, tout désinformer, tout calomnier et ne rien diffuser, ne rien répandre, ne rien transmettre ou ne rien partager. Le désauteur reste redoutable, lorsque sournois et caché. Pitoyable dès que démasqué. Collabo intégral, il voulait dissoudre toutes les résistances possibles au plus miteux et navrant des systèmes que l 'Histoire ai jamais connu…
Celui où tout n'est QUE pour les annonceurs et les diffuseurs. Celui des anti- sociaux au clair clairon du "tout pour moi et rien pour les autres" (1773) qui ne peut qu'empiler encore plus de catastrophes sur catastrophes...
Bref, celles du capitalisme gangstérisé de la destruction systémique (voir, cet avant goût en 2009) !!! heureusement, que des auteurs se dressent, joyeusement, devant tout ce si minable projet (qui obtient pourtant de si étranges collaborateurs !)…le plus déplorable depuis l'acculturation cupide des "barbares"...
(à suivre)