LES QUATRE EUPHEMISATIONS
Qui répondent au pourquoi les dirigeants politiques, économiques ou médiatiques ne sont pas jugés comme les autres ? Il nous faut faire un détour un peu inattendu. C'est que le mal, comme thèse officielle? sert à masquer ce que Michel Foucault appelait les illégalismes de droit: "La bourgeoisie se réservera, elle, l'illégalisme des droits: la possibilité de tourner ses propres règlements et ses propres lois; de faire assurer tout un immense secteur de la circulation économique dans un jeu qui se déploie dans les marges de la législation." C'est-à-dire hors la loi ! Dans Surveiller et punir, Foucault montre que le système pénal a surtout cherché à différencier les illégalismes. Les Misérables passaient leur vie au bagne pour un pain volé tandis que le bourgeois voleur d'un million passait la sienne dans les salons. Si les atteintes aux biens et la violence populaire accaparaient l'essentiel de l'attention du pouvoir, il n'y en allait pas de même pour les détenteurs de l'économie et du politique. Qu'en est-il aujourd'hui? Pendant les affaires les affaires continuent ! Strictement aucune remise en question: "Si la Mafia, la drogue, la corruption ne trouvaient pas une certaine complaisance (euphémisme)dans les milieux financiers ces problèmes seraient amplement résolus," affirme, enfin, Renaud Van Ruymbecke. La solution arrive: pas du tout, il suffit de bâillonner ce qui reste encore de presse libre, tout ce qui dira le journaliste n'engage que lui mais la spéculation engage le système tout entier dans ses illégaux détournements. Cachez le problème, ose la Religion masquée du capitalisme, il n'existera plus puisqu'il faut toujours plus fuir le réel. Comme pour le tabac ou l'alcool, la Justice est considérée comme une intoxication: l'abus de Justice ne met en péril que les riches. Le dispositif d'euphémisation (et les opposés au politiquement correct restent très polliticaly correct devant toutes les injustices financières, un chat n'est plus un chat) permettra d'étouffer les affaires politico-financières mais continuera de déraper, bruyamment, sur les dérapages des banlieues. La communication (la vraie) devient un délit, toute conversation en voie d'interdiction. L'habitude ayant été prise de la fuite du réel par euphémisation, les prodélinquants qui s'autoproclament élites en se vautrant dans la démagogie antipopulaire, remettent leur incompétence sur le tapis .Pierre Lascoumes compte 4 formes d'euphémisation sociale au bénéfice exclusif des dirigeants:
"1-Euphémisation juridique dans la mesure où l'essentiel des infractions qui parviennent à être retenues contre eux relèvent non du pénal ordinaire mais du pénal administratif (fiscal, douanier, boursier...etc) visant juste une réparation des irrégularités Pas une sanction des fautes !
2 - euphémisation institutionnelle, les services chargés de mettre en œuvre ce droit pénal ayant de tous autres objectifs que la recherche et la sanction des infractions (...) la justice et la police n'interviennent qu'à la marge, l'appréciation de l'opportunité des poursuites leur échappant totalement.
3- euphémisation dans la répression, l'essentiel des situations infractionnelles prend la forme non de jugements pénaux disqualificateurs, mais de sanctions discrètes.
4- euphémisation culturelle, la production intellectuelle reste insignifiante sur ces questions, contribuant ainsi à l'occultation générale du problème."
Les propagandistes des lieux communs se dévoilent donc complices de l'hypocrisie qui doit, par moulinets d'équilibrisme, tenter de masquer que la transgression des normes légales est très, très nettement supérieure chez les classes prétendues supérieures que dans les classes populaires. Simplement, il n'existe aucun journal, revue ou livre du peuple pour en rendre compte. C'est-à-dire que les dirigeants ne s'auto-imposent pas autant de devoirs qu'ils en exigent, brutalement et sans humanité, de leur sujets (le citoyen étant toujours interdit d'exister!). Oui nos dirigeants sont des délinquants (aussi l'imposteur milliardaire pseudo-persécuté qui s'exclut de la clique), les seuls pour laquelle la loi ne supporte pas la moindre dérogation! Détourner le bien confié par son légitime propriétaire (un bulletin de vote), soit à titre de prêt (un mandat électoral), soit en vue d'accomplir une mission (mener à bien un programme clairement écrit) est considéré comme un "abus de confiance", passible des articles 406 et suivants du Code pénal ordinaire non administratif. Ce délit peut être puni de 2 mois à 2 ans de prison et de 3.600 à 2 millions 5 d'amende. Qui nous est redevable d'une telle réparation?
Tout nous retrouve enfin, tout se retrouve! Nul n'est censé ignorer la loi à la seule et suffisante condition que la loi n'ignore personne. Les sciences, fussent-elles humaines, doivent refléter l'image complète du réel et ne pas oser parler des exclus sans s'interroger jamais sur qui les exclut?, ne pas pointer sur les démunis en "ignorant" que ce participe passé surgit d'une action réelle , s'ils sont démunis c'est bien qu'ils ont été démuni, non?, et alors pourquoi stigmatiser l'effet et non la cause ?, le nécessiteux des toutes premières nécessités ne voit-il pas que la suffisance du nanti le prive de ce nécessaire, s'il est fauché c'est que la faux du blé est passée par là, s'il est dépossédé c'est plutôt du côté des possesseurs qu'il faut regarder puisque qui s'empare des dés-emparés? Qui ? Le miséreux (de miser,malheur) est bien rendu malheureux par quelqu'un d'autre, non, et le dépourvu a pourvu quelqu'un d'autre, les dé-favorisés voient toutes faveurs dévalisées, subrepticement, par quelque autre "favorisé" (kidnappeur de faveurs), les déprédations demeurant l'acte des prédateurs. Les mots décrivant l'entier réel et qui ne s'astreint pas aux mots se voit démasqué par les mots même qu'il emploie: le point sombre d'où l'on parle et pour qui l'on parle s'il n'est transparent annule toute prétention à parler au nom du réel complet. D'où, disqualification de l'anthropologie occidentale qui refuse toute autre anthropologie et, donc, de toutes les sciences qui s'alignent sur sa fondamentale étourderie méthodologique: le regard de l'Indien vaut celui de Colomb. La Société entière se voit impliquée dans l'exclusion et la fracture sociale: impossible de se débarrasser des autres. Rien ne peut plus être séparé, tout est lié: à soupeser le SMIC et les trop hauts revenus l'équivalence détecte que les trop hauts revenus restent bien plus destructeurs que le revenu minimum. Impossible de plus s'acharner sur le travail clandestin sans s'appesantir sur le capital clandestin. Que 4 actifs travaillent pour l'exportation, sans que les fruits ainsi cueillis ne soient clairement partagés entre les 6 actifs, sans qui l'exportation serait impossible, ou que les "plus-values collectives" du downsizing ne soient pas réparties entre ceux dont le licenciement les a seules rendues possibles ou bien que le "coefficient multiplicateur" des banques ne soit pas partagé par les déposants, ou, encore, les rapts et détournements spéculatifs- discréditent, sans faille, le système et il ne le faut pas. Puisque c'est par leurs gains de productivité que l'entreprise peut licencier: d'où "plus vite tu bosses bien plus vite t'es viré", devient la loi scientifique du "dégraissage", mais, de plus, c'est par les "plus-values collectives" que dégage, dans le climat d'irrationalisme boursier, leur licenciement que le licencieur détourne, kidnappe une égoïste augmentation de 1000% de revenus pour un travail de négrier, de vendeur de chair humaine, de barbare rillard, de scandaleux pirate . Tout cela très illégal que de licencier barbaresquement. De tous ces éléments, il apparaît, nettement, que le vrai délinquant c'est le riche, le bourgeois. Et "l'insécurité" c'est en col blanc. La déchéance complète de vouloir faire de l'ado le seul et unique délinquant n'a pour fonction que de masquer les injustifiables et massives délinquances des riches.
La spéculation n'est possible que parce que nous sommes tous créditeurs du système, donc aptes à leur demander des comptes. Il n'existe pas un secteur de la Société qui échappe au réel complet qui sait se faire comprendre lorsque l'Indien "découvre" Colomb c'est l'occident qui est tout nu. Pas lui. Le profit se trouve mis en face des dégâts qu'il provoque. Tout se lit dans les 2 sens: coût du travail mais alors que coûte l'entreprise à la Société entière? Puisque le néolibéral prétend qu'il doit tout assumer sans le recours de la Société, au lieu de séparer, frauduleusement, en tout ce qui rapporte pour le privé et tout ce qui coûte pour le public, c'est-à-dire tout le monde, et, d' ainsi, après avoir essoré ses travailleurs, fourguer les licenciés à la Société, sans lui "restituer" les gains boursiers effectués lors de cette opération esclavagiste, mais aussi "les externalités" et tant d'autres. Lorsque l'on est libéral on ne demande rien à l'État, non? Or, il se passe exactement tout l'inverse, l'État, la Société doit payer toute leurs dettes, toujours, et eux doivent empocher sans entraves (dérégulations) tous les bénéfices collectifs. Le néolibéralisme est une imposture qui cache un système "féodal et opaque", selon Bernard Maris. rien de glorieux, rien de brillant, rien de génial, une simple escroquerie sociale, dont devient, même, élégant d'en devenir athée. Cette vision soudaine d'une mise à sac, d'une razzia, ne colle plus avec leur propagande: privé ou spéculation dévalise la Société, bon cela n'est pas dramatique, l'argent n'a pas d'existence ontologique, ce n'est pas une essence juste une convention sociale et, pour cela, obligatoirement temporaire, mais c'est qu'ils empêchent, en plus, tout Progrès progressiste, toute concurrence, toute initiative individuelle, toute création. Esclavage! Prédestination de toujours monopoliser plus les richesses et indifférence obligatoire, et, scandaleusement inexcusable, aux autres: il est interdit à la Société d'apprendre à vivre en société. Inhumain Système impersonnel sauf pour les gains trop personnels de nos seuls délinquants. Abstrait!...etc Colomb n'est plus couvert! De ce vaste réalisme, enfin complet, découle donc la brusque visibilité des illégalismes des droits économiques et financiers ainsi que la visibilité de la langue entière.
(extrait de "Comment devenir un-e athée du capitalisme")