ORIGINE DE L’ÉTYMOLOGIE EN BOUCLE DE L’ORIGINE
Parcourons l'étymologie "d'origine" et faisons même un détour par le "Dictionnaire de l'ancienne langue française et de tous ses dialectes du 9ème au 15ème siècle" (de Frédéric Godefroy, - F. Wieweg éditeur 1888) où nous trouvons des déclinaisons comme origenal, originance ou origination, originacion ou encore ce "passer procuration et origine à un greffier du conseil de faire et expédier ung acte" où "origine" signifie "procuration authentique". Le Grand Robert de la langue française précise "du latin originem, accusatif de origo, inis, de oriri se lever, naître". A élargir au maximum l'aire de notre recherche, nous nous apercevons que bucca, bouche a remplacé os, oris, dans les habitudes d'écriture. Justement, "or" comme racine se retrouve dans oral, orifice, orée ou bien ourler ou orient, la racine "or" exprimant l'idée de surgissement, de naissance. Afin de compléter, signalons le latin "aborigines" par qui les romains désignaient les habitants primitifs de l'Italie, ceux qui étaient là dès l'origine : ab-origines, ab à partir de, origo, originis, l'origine.
…..Quelles sont toutes les sensibilités qui frisent dans le mot lui-même ?
1 - le Temps. Le point de départ, la première apparition ou manifestation, le premier commencement absolu, la naissance , la création : les mots liés sont berceau, aurore, nid, enfance, primitif, premier ou dès, depuis .
2 - 1a filiation. Le lien avec les ancêtres, la généalogie, l'ancienneté, le milieu dont on vient : les mots liés se disent embryon, germe, noyau, source .
3 - le lieu . La provenance : les mots liés sont, alors, découler, dériver, procéder, provenir .
4 - le sens. Le fondement explicatif mais qui ne fixe pas un moment dans le temps, cause première sans nuance temporelle, instance qui inaugure un ordre mais en ne présupposant pas un socle préexistant : les mots liés vont du côté de base, fondement, principe, cause, raison, être à l'origine de.
L'origine comme première, primitive dans le temps se densifie par le rajout de première dans l'ordre des choses (cette primauté, pour le moment, a permis, par glissement du descriptif à l'explicatif, de "légitimer" les pouvoirs) et se structure par des configurations comme provenance, début, mais encore point de départ (temps, lieu, filiation) de ce qui est envoyé (source) ou soubasement de ce qui est construit (explication) qui participe du sens, de ce qui donne de la signification..
L'origine se révèle avoir tout à voir avec le langage. Et d'ailleurs le lien étymologique d'origine renvoie à "l'etumos", au "vrai" qui l'est par recours, retour au sens premier, donc à l'origine du mot. L'étymologie, le vrai par l'origine ? Du fait que le langage lui-même a créé le temps, le point de départ sert, principalement, de répartition, de géométrisation du monde. D'arpentage et de dénomination, de séparation et mise en sens comme en vecteurs directionnels…etc, l'origine a beaucoup à voir avec le sens. C'est un jalon spatial, un point qui parvient à centrer tous les regards voués, autrement, à la dispersion chaotique. Un point de repère et le cœur de toutes les mesures possibles : le socle le plus à ras du sol de solidité du réel, solidité à partir de laquelle vous pouvez peser, mesurer, observer les évolutions dans le temps...etc Le seul fait que nous n'ayons créé ni l'univers, ni la vie, mais que nous sommes "créés" ouvre au mot "origine" la clarté de l'acte de départ, de séparation, d'éloignement. Son origine importe énormément à qui est créé. De la revivre personnellement, sans aucune concession à l'esprit de l'époque, notre origine reste le moyen imparable de nous débarrasser d'absolument toutes les mythologies de non participation à nous-mêmes. Méthode pour s'extraire de l'individualisme lorsque sans issue ? Retrouvez tout ce qu'implique une origine, par exemple, l'impossible séparation d'avec ce qui nous a créé, nous a offert une origine. Nous ne pouvons , sans grave danger pour le sens de la vie et de notre place dans ce processus,. nous ne pouvons, si ce n'est dans la posture "pertes et fracas", nous séparer de la Nature, c'est, en effet, nous rendre inaccessibles à la vie et à l'univers… L'origine surgit bien comme ce qui nous éloigne de nous-mêmes ou bien ce qui nous rapproche de nous-mêmes. Aux conséquences jaillissantes d'importance. Par la concentration recueillie accompagnée d''hyperactivité de tous les vecteurs de sens qui se rassemblent tous dans l'origine : l'origine, se révélant le départ de tous les sens (espaces, temps, récits linéaires…etc), en demeure aussi le point possible de tous les dérapages. Un angle d'un degré s'ouvre à un balayage de plus en plus grand, rappelez-vous, rien dans le germe d'un degré d'angle ne laissait paraître l'écartement du résultat actuel. Ménageons les germes, les sources, les causes lorsqu'elles obtiennent de si rapides résultats. Qu'est une époque qui ne sait plus les genèses, les tâtonnements, les lentes maturations, le respect pour les cheminements particuliers inclus dans tout développement ? "L'individualisme" ne semble pas aimer les gens en particulier, leur singularité , leur originalité différenciatrice : il ne semble courir que vers la négation des autres . Pouvons-nous nous affirmer par la négation ?
Pour terminer, tentez de résonner à la troublante rencontre "d'origine": entre gyne, gunê, femme, comme dans gynécée, misogyne ou gynécologue et oris, bouche. Oris-gyne : bouche et femme !. Se pourrait-il que du lien féminin et bouche; jaillisse la source de plus amples éclaircissements ?
( à suivre)
trouvez un complément à cette réflexion sur le site internet à but non lucratif freethewords.org, onglet 1 "Les mamelles du repos" et "Remue- ménage", onglet 2 « L’ardeur sociale » et "Présent !", onglet 4 "Nul n'est nul" ou, encore, "Je ne parle plus à qui a raison".