PAYSAGES EN UN CLIC : vallées et plaines ( 2/2 )
La chair ferme mais buée tremblante espérant être gonflée, gorgée comme la gorge pleine des seins durcis sur la sève de leur liqueur. Nichons-nous dans ces nichons. Une fois mes fesses épluchées, ma pomme d'Adam au bas des reins remonta, se frottant aux champs de miel des vertèbres, plages de plus en plus étirées, jusqu'à faire éclater le soleil dans ma poitrine et frémir la lune de ma nuque. Toutes les plaines caressent leurs longs corps ondulant, se tordant lentement, faisant jouer leurs articulations douceâtres, roulant le gras des cuisses, ou la fossette d'une épaule, ondoyant le vacarme de la horde d'un ventre ou la sinueuse rigole du dos à pétrir à plein corps. La plaine en plénitude se projette vers toi pour mieux t'engloutir, ne se retirant qu'à regret pour mieux s'enclouer ensuite, se balançant de droite à gauche en posant seulement la pointer du pied au sol, pour se relancer de l'autre coté, en avant, en arrière, et en tournant en un massage splendide. Dans le lit des rivières, vous vous emmêliez, mêliez en de suaves chevauchées...
Augmentes donc le volume du paysage tout en volumes. Ton corps étendu dans les ex-croissances et les chevelures comme par enchantement prendra sa place dans les amas de panoramas. Entre sol libre strié de lierres et cordes d'agile argile, entre plancher marqueté de bandes acajou, vert laitue, beige de neige, sienne brûlé et tienne évaporée, entre collines moutonnées étroites ou amples d'échines. Prenant appui sur les ressorts de la vitesse, je vrillai au sommet de ma tête, des arbres l'enfonçant dans l'espace épaissi. Reflet de pays accroché au poil des yeux, le disque de la vallée déroule ses sillons, casquettes en trente trois tours, violacé d'aise, de falaises en fadaises, de chape ce chapelets dans la plainte des plaines...Dans le sillage du vent sillonnes les sillons...
Un rideau d'arbres à la tringle de l'horizon découvrit le chandelier mou de l'accès soir et matin. Tu es plaine ouverte et rivière dont les méandres sont lames de faucilles s'engendrant l'une l'autre vers le grand mufle salé aux dents glacées. Une faucille d'espace lancée à pleine hotte de gestes soulève la poussière. Vois-tu deux projectiles de jour tombaient et, à l'intersection de leurs rayés rayons, une épaisse vapeur flottait avec de lents ondoiements. Le tunnel forestier. Va peur et ne me retient plus dans tes gorges de gaz gazouillant...Puisque j'ai déniché les nichons...Le langage des arbres où se figent lettes et signes s'ignorant au-dessus des collerettes quand l'art bredouille - l'arbre douille pleine des images futures. Les arbres dessinent la végétation par le parcours élastique de leurs feuilles soniques, de leurs bronchioles. Arbres, veines du ciel, nos poumons. Arbres, pinceaux, brosses du soleil. Goupillon, pommeau de canne de Vénus. Ils dessinent le fragile calque de la pénétration de l'énergie cosmique en pleines terres. Les arbres dont les branches sont baleines d'haleine de parapluie, crispé éventail éventé de tissu tout aéré. Un tourbillon d'oiseaux s'allume. Le pin comme une étrange robe enrobée sur le seul pieu du tronc à dormir.
Et la feuille de l'œil rouillé mais battante, éclatante aux percussions du ciel. En branches plumées : le style est stylo. Une butte ramassée autour de ses genoux : sites de réussites. Les emboîtements pâteux qui en font une ziggourat crémeuse - tu montes sur le monticule. La Terre, terrassée en terrasses, en terrines de terroirs, dévale. Serpentent les pentes amollies, comme une gerbe de course déviée...Le panneau rama le panorama en panne, des truites détruites lui coulant entre les doigts, un défilé de caillasses en rangs. Une vallée en allée que tu ne peux encaisser. Tant la mosaïque historiée, en faux bourgs fours bus, aire de chairs, plaine d'aines, ne s'ouvrait plus aux effluves des fleuves. N'osais-tu en avoir la nausée? Qu'aille la paille des ripailles, fleurs, légumes, céréales très réelles.
Talus qui gerbe la courbe des prairies de la bousculade des collines. Arbres avirons, rames, doigts d'or au col métallique, arbres sculptés comme des pierres. L'aiguille à recoudre nos absences - arbres en épis de mais, en brosses de pipe tournant comme l'Energie...Toutes ces touffeurs mystérieuses doivent te sembler bien différentes de l'univers bien peigné et ordonné où tu vis : et pourtant je les ai bien rodées en rodant justement autour de chez nous...
J'ai tant de matière que la mienne disparaît, dis-parait tout : arbre en biniou. Et je m'ange, je m'ange, tout avaler même la vallée. L'œil étain, constamment au bout de son métal - à fouiller les poches de la campagne…
Une vallée valant un peu plus ouvrit le paysage en deux mèches ; les plaines ne cachent rien de leur corps, œsophage, estomac mac, digestions et intestins vaporisés, temporisés, émulsés partout. Le duvet comme ce du vêt la Terre Une masse profuser de fleurs parfumées s'évapore d'un plumage sciant de volutes en volutes les lumières en de ta pensée oiselée. Tu entrouvres ton corps tatoué à tâtons d'une tunique de fourrés et de taillis… Tout se déguise à sa guise, jusqu'à la fin des mots…Arbre à la file chlorophylle, allant, revenant, ressort, déclic, dans le tangage immense de se baigner dans les lits oraux, dans les radeaux des rades, les goulots des goulets, les cordes des arbres y étant gréement à ton agrément…
L'air des chairs vibre tchoum tchoum à mes oreilles, s'amplifiant, se simplifiant, s'accélérant l'accès pendant que la marée du souffle assèche gorges fluviales, aux sentiers comme des rubans, chemins, cordes, fils ; deux épaules de coteaux se dressent avec leur chair de poisson lumineuse, m'acquiesçant d'avoir bien validé la vallée valide…La plaine planétaire comme le plus étrange lien - le plus révélateur en tout cas - entre tous les autres paysages ; ceux de toutes les onctions des fonctions de la Terre…
Car vous voici, nul doute, bien RESTAURES…
(à suivre)