Sagesse des foules ?
Ceci pourrait devenir un refuge d’inaction : genres je ne fais rien parce que les autres savent tout, la foule décidera, on verra plus tard , faut pas se biler, je m’infantilise toujours plus et, surtout, me déresponsabilise…voyons voir si , avec Michaël Cross, nous pouvons trouver des éléments plus adultes et plus responsables…il sera abondamment cité par la suite…<http://www.michaelcrossjournalist.net/>…
Les sciences de l'information et de la communication sont une spécialité française qui rassemble sous un terme générique ce que l'on nomme ailleurs " media studies » et " information science ". La composante " sciences de l'information " est proche de " information science " et de " social informatics ". Certains chercheurs français ont en effet introduit, depuis une quinzaine d'années, l'étude des usages et des contextes dans leur champ disciplinaire. La plupart des chercheurs français dans les sciences de l'information s'intéresse essentiellement aux documents et aux bibliothèques. Certains, comme Jean Claude Gardin, estiment que cette discipline est en bout de course, puisqu'elle a produit les artefacts qui permettent de trouver un document à partir de questions, que la théorie documentaire permet de poser de façon très élaborée. C'est possible. Mais l'observation de ce qui se passe sur Internet permet de penser qu'un espace se dessine actuellement pour une science qui serait soit un développement nouveau des sciences de l'information, soit une nouvelle discipline, qui engloberait les dimensions cognitives, sociales et technologiques de la construction des connaissances dans les sociétés industrialisées. A titre d'illustration, je propose d'examiner dans ce qui suit, trois défis que pose à la recherche l'approche socio-cognitive des pratiques sur Internet.
Une dimension cognitive incontournable Nous entrons aujourd'hui dans une société du savoir. Cette dénomination n'est certainement pas la bonne et changera vraisemblablement dans l'avenir. Mais ce la signifie que cette société est autre chose que la société de l'information, dont nous sommes en train de sortir. Dans une telle société, les gens construisent des connaissances, des compétences et des savoir-faire, notamment avec les outils numériques disponibles. On objectera que les gens ont toujours construit des connaissances, des compétences et des savoir-faire. C'est vrai, mais la différence résulte dans le fait que, dans les pays industrialisés tout au moins, la plupart des actes professionnels et pas mal d'actes de la vie courante, comprennent des séquences numériques ou, plus, sont imprégnés d'une approche numérique. Prenons quelques exemples : dans le domaine scientifique, l'exploration documentaire dont se nourrit le chercheur qui construit une connaissance, a considérablement accru son rayon d'action. Déjà à ce stade, la connaissance produite résulte en partie, de procédures numériques. Mais cela va plus loin. La recherche documentaire ou encore les listes de discussion mettent le chercheur en contact avec des points de vue et des auteurs qu'il ne s'attendait pas à rencontrer. On trouve là une application d'un autre effet, l'effet " serendip ", né à LILLIPUT sous la plume de Daniel Defoë, effet qui consiste à trouver par hasard et avec agilité une chose que l'on ne cherche pas. On est alors conduit à pratiquer l'inférence abductive, à construire un cadre théorique qui englobe grâce à un "bricolage " approprié des informations jusqu'alors disparates. Gary Shank a raison de souligner que le web est une machine sémiotique par excellence et que l'inférence abductive y est une fonction essentielle. Il y a toujours eu de telles rencontres fortuites dans l'histoire des sciences, mais la puissance des réseaux et le nombre d'acteurs qui s'en servent démultiplient fortement de telles occasions autrement peu probables. Ce n'est plus une pomme qui tombe sur la tête d'un Newton, mais une avalanche. Autre exemple encore. La culture, au sens d'ensemble de savoirs, des gens qui jouent aux jeux informatiques, qui pianotent sur ordinateur ou parcourent le web, s'enrichit en grandes quantités de connaissances procédurales : comment déplomber un jeu, comment télécharger un logiciel, comment utiliser XML, etc...Cette culture comprend intrinsèquement une composante numérique. La numérisation y appose son empreinte.
Cela a une première série de conséquences pour les sciences de l'information. Il leur faudra tout d'abord élaborer des outils qui permettent de rechercher la genèse d'une idée ou d'une hypothèse nouvelle, en retraçant l'historique de telles rencontres. Cela suggère ensuite qu'elles s'intéressent davantage à ces fonctions cognitives étranges, qu'on groupe sous le générique d'abduction, qui combinent symboles et icônes à des représentations du passé, du présent et du futur et produisent des résultats plus probables que certains, c'est à dire des hypothèses.
Les risques de l'effet diligence Les premiers wagons ressemblaient à des diligences et les premières automobiles, à des voitures à cheval. Les mentalités, habituées à des techniques désormais dépassées, utilisent les nouveaux outils avec des protocoles anciens, c'est ce que j'appelle l'effet diligence. Il n'est donc pas certain que les étudiants continuent à apprendre en ligne, comme ils l'ont fait en classe ou même avec un ordinateur isolé du reste du monde. Comme contre épreuve de l'hypothèse de perpétuation, il convient de rechercher sur Internet et par tous les moyens possibles, les gens qui s'en servent pour construire des connaissances. Nous effectuons de telles recherches dans notre laboratoire depuis deux ans :
- une étude en cours sur plus de cinquante mille sites personnels de multimania, montre que plus de la moitié se nourrit des connaissances exposées sur d'autres sites.
- Les sites de création de romans montrent une très forte élaboration des procédures de travail collectif. On rencontre également cet acteur collectif dans le développement de la formation à distance, que ce soit en ligne ou dans des regroupements sur sites, avec l'apparition corollaire de nouvelles compétences pour aider les gens sur le terrain.
- Les utilisateurs de Psion ou de Palm Pilot téléchargent des livres, sous un format qui indique qu'il ne s'agit pas d'habitués du livre traditionnel. Il est intéressant de constater que les auteurs les plus demandés chez mobipocket.com sont, dans l'ordre, Flaubert, Rimbaud, La Fontaine et Jules Verne.
Pour éviter le piège de l'effet diligence, les sciences de l'information auront à rechercher et à identifier les pratiques innovantes à la périphérie. Certes on peut penser que le web n'a pas de centre, encore que le modèle qui le représente sous forme de nœud papillon suggère des densités très inégales de relation, mais la tentation est grande de plaquer sur ce réseau des modèles institutionnels traditionnels. Sinon, il n'y aurait pas quelques deux cents " universités virtuelles " sur le web, dont Rozenn Nardin suit l'évolution depuis notre laboratoire. Mais cela va plus loin encore. Le développement massif des sites personnels et la commercialisation croissante d'outils qui en facilitent l'installation suggèrent des hypothèses d'utilisation de ceux-ci pour la construction des connaissances selon des protocoles radicalement différents de celui de l'étudiant en ligne. Le détenteur d'un tel site peut le considérer comme une barque nantie d'un filet, une " cybarque " qu'il envoie relever les " bancs " de savoirs intéressants. Chaque jour il en examine la pêche en retour et retient ce qu'il veut ; c'est ce que font - à la main - des tas de gens qui se forment en autodidactes à la construction de sites en recourant à FLASH 4, à MP3, à XML, en utilisant les sites et en échangeant des infos avec d'autres. Ce bouquet de requêtes peut être formalisé. Les sciences de l'information auront à s'accoutumer à de nouvelles scénographies, à de nouveaux rôles, qui demanderont des artefacts de plus en plus complexes, mais qui auront comme trait commun de laisser l'utilisateur maître de ses initiatives.
La maîtrise intellectuelle des outils Toutefois, pour conserver l'initiative, il ne suffit pas que l'utilisateur dispose d'outils informatiques puissants. Il devra aussi faire un effort pour en maîtriser la complexité et pour se repérer dans un environnement qui sera de plus en plus complexe. Les navigateurs jusqu'au XIIIème siècle dessinaient les côtes d'un pays par rapport à la ligne du parcours de leur vaisseau, les " portulans ". Tout comme eux, aujourd'hui, tout utilisateur du web est au centre du monde : il situe l'environnement Internet par rapport à sa propre trajectoire. Balbutiant dans la maîtrise de cet espace, il l'est aussi en ce qui concerne le temps. Comment en effet évaluer la durée d'une consultation dans un univers pour lequel aucune horloge ne fournit de battement ? Certes on sait que le soleil se couche sur Internet quand les serveurs américains deviennent inaccessibles, mais ce n'est là qu'un pis aller. Enfin, le voyageur doit se souvenir des endroits par lesquels il est passé. Je suis en train d'effectuer un travail sur le Cabaret du Chat Noir. J'ai trouvé des informations pertinentes sur le site d'un cabinet de toilettage pour chien à San Diego en Californie, dans la rubrique Sport du site Butagaz et enfin sur le site central des Pompes Funèbres (sur Paul Leautaud). Allez savoir pourquoi ? Si je ne dispose pas de moyens mnémotechniques humains puissants, qui évoquent ceux que les Romains utilisaient déjà, les " loci ", qui raccordaient une information à un élément précis d'un site familier, on ne voit pas bien comment on pourrait continuer à assurer la maîtrise d'un champ d'exploration, d'autant que la sérendipité guette ! Il y a peut être une autre voie, celle de cette mémoire externe de l'homme, faite de langage et de rythme, que suggère Jacques Roubaud, la poésie. Tel est le troisième défi pour les sciences de l'information : rien mois que le contrôle de l'espace, du temps et de la mémoire chez l'Homme.
Sinon celles-ci deviendront les armes d'un univers machinique et de ceux qui les contrôlent.
Sagesse des foules ? A l’unique condition qu’elle fasse l’effort de comprendre toujours le plus difficile…
…afin de vraiment conserver cette qualité…
…toujours dans la rubrique : "Quelles sont les têtes qui NOUS aident vraiment ?"
Que le vaste humour vous grandisse et vous nourrisse !!!
Sous copyleft……pour tout ce qui reste à but non lucratif
(à suivre)
tous ces posts sont bien reliés à une pensée globale
trouvez, aussi, un complément à cette réflexion sur le site internet à téléchargements gratuits freethewords.org, onglet 4 "Nul n'est nul", onglet 3 "Légalité de l'égalité" (Quality of eQuality), onglet 4 " La démagogie n'est utile et utilisée que par qui est déjà au pouvoir " et "L'anticommunication comment ça fonctionne ?", onglet 2 "L'ardeur sociale" et "Le roman de l'économie", onglet 3 "Why do we left the left wings ?", onglet 2 "Comment devenir un (e) athée du capitalisme". Et, surtout, RIEN DE PLUS SOLIDE QUE LE SOLIDAIRE, onglet 3, Le Roman de L'Economie, ainsi que LA QUESTE DES QUESTIONS (qui a démuni les démunis ? qui a déshérité les déshérités ? qui s'est emparés des désemparés ? qui a détressé les détressés ? qui a dérobé aux nécessiteux leur nécessité ? s'il y a faim il a, d’abord, affameurs, endetteurs, capital au noir ou argent clandestin, etc), onglet 2.
Résistances au changement Impliquent changement de résistances
Structurellement, les classes moyennes ne savent plus penser
Pas de République si le politique ne prime pas sur l'économie.
La prospérité c'est pour tous, la richesse pour la minorité
La façon d’écrire se nomme infini respect
Si ce blog a su retenir votre attention dans les 2 900 autres (disponibles ici) il doit y en avoir de bien plus décoiffant. Qui vous boosteraient encore plus. C'est le si cher chercher cher… on trouve plus que prévu