Voler tels des oiseaux (2)
Battre sans arrêt les rythmes. Toutes ses compagnes lui avaient bien dit que, même en dormant, ses pieds prolongeaient, sans cesse, les rythmes cadencés. Une musique inaudible que tout son corps vibrait. Il accumulait ainsi, sans le savoir, une énergie colossale dans les jambes. Lorsque vous volez ce sont les propulsions des jambes, plus apparemment des cuisses, qui vous "décollent"
.
Ensuite, vous vous sentez aspirés comme par de l'intangible. Vous êtes sucés par l'imperceptible. Votre allure se meut par ce qui n'est pas elle. Vous n'aviez pas non plus agité des ailes ; vos bras restent sans plumes, mais l'impulsion pleine partait de toute votre personne tendue. En flèche. Votre être "aligné" (corps, cœur, esprit) dans un unisson, de plus en plus rare à rencontrer chez qui que ce soit. Voyez la destruction des fragiles humains par les conformismes. Ne vont-ils pas jusqu'à "s'éclater", grenades dispersées. Vous trouvez la tête ici, le cœur si loin là bas et le corps bien ailleurs – un individu unifié (une des merveilles de la vie) se montre en voie de disparition.
Difficile lorsque vous en êtes de perpétuer les fausses conversations vernies de glaces. Qui peut donc en prendre conscience?
Voler tel l'oiseau ce n'est pas battre des bras. A peine servent-ils de stabilisateurs. Non, l'impulsion primitive demeure l'un des 9 principaux éléments du mystère. Une confiance absolue dans l'univers, les êtres et leur avenir. Quelque chose comme cela…Un autre c'est cette "autorisation" donnée, oui cet accueil de l'air parmi lui (le fait qu'aucune expérience langagière ne soit encore prévue à cet effet, éloigne encore les "expérimentés" des partages d'expériences!). L'air vous permet de vous "poser" sur lui, vous couler, vous lovez en sa trame, et vous vous sentez propulsés-aspirés-portés. Tout à la fois ou, sans doute, plus exactement un seul, selon votre personnalité.
Si vous avez observé quelque peu les oiseaux, non afin d'avoir "l'air" intelligent, mais dans le but de devenir un peu comme lui, vous avez noté le développement puissant de l'équivalent de sa poitrine. Celle qui respire et possède des poumons. Bien plus puissante, en comparaison, que celle des autres animaux. Il devrait sembler évident que "l'air" soit si essentiel dans l'envol. L'air reste invisible sauf dans ses impacts (comme son empreinte de vitesse déposée sur la chair des autres !!!) mais c'est lui le moteur du vol…
Ce qui est invisible dans l'univers représente, sans doute, 90 % de toutes matières…Les négligences absurdes que nous portons envers ce que nous ne voyons pas nous nuit, de cinglante, manière pour l'envol. A notre connaissance, aucun des volants actuels ne fume, du moins a arrêté de telle façon qu'aucune trace, en apparence, de perceptible…C'est d'un contact manducatoire avec l'air, dont nous parlons. Manger l'air, encore faut-il qu'il soit mangeable. Mieux – qu'il donne envie d'en avoir plein la bouche…"Tuer" puérilement l'air (par assauts d'égoïsmes juxtaposés!) semble nous faire perdre beaucoup plus que les conformistes sont capables d'imaginer. Déjà "vivre sans les animaux" paraît l'entrée dans le désert dévitalisant !!!
L'air qui vous est extérieur doit devenir comme l'air qui vous est intérieur. C'est d'un mélange intégral, un mariage des corps, une alliance fusionnelle. Puisque l'air vous"porte", l'intimité reste absolue…De plus, de votre côté, vous devez avoir une infinie confiance sans limite envers cet air qui va constituer votre écrin cinétique… Vous percevez bien combien l'envol dans les airs, modifie presque toutes nos perceptions routinières…Comment, frontalement, et sans posséder ce but en lui, votre envol pulvérise une bonne partie des concepts. Concepts jamais questionnés. Et, pourtant, cet envol demeure tellement plus "réel" que tous ces concepts. Destinés, d'ailleurs, à le mieux comprendre…
De nombreuses dimensions humaines ont été, stupidement, perdues. L'avidité technique n'a jamais tenté de trier ce qui devait "rester" de ce qui ne devait point persister. Puisque la théorie c'est que, beaucoup de faisceaux d'indices rendent à prouver que, à chaque mise en œuvre d'une nouvelle technique (bien nouvelle et de fort usage devenue !) nous perdons une de nos facultés équivalentes. Soit une des facultés émotionnelles, des sens, des sentiments ou du fonctionnement intellectuel…
Le prochain épisode - puisque celui-ci n'a qu'effleuré l'importance de l'air – tentera de vous faire éprouver l'essentialité aussi de la volonté…pas une volonté qui affront, qui se bute, qui se durcit, qui se muscle, qui cogne – mais une volonté qui libère, qui soulève, quoi a confiance, qui s'abandonne à la toute acceptation…
Etonnant, n'est- ce pas, que pas grand monde n'ai écrit sur la corporalité intégrale de voler comme un oiseau. Peut- être personne, en fait ? Blaise Cendrars, dont nous avons parlé. A décrit de l'extérieur…
Alors, toujours plus de corporalité intégrale de voler tels des oiseaux ?
(à suivre)
trouvez un complément à cette réflexion sur le site internet à but non lucratif freethewords.org, onglet 1 "Les mamelles du repos" et "Remue- ménage", onglet 2 "La star des stars" et, aussi, "Présent !", onglet 4 "Nul n'est nul".