Comment les enfants voient le monde
Depuis quelque temps, la vision qu’ont les adultes de l’enfant, évolue. Les préoccupations de ceux-ci à son égard changent du tout au tout. L’enfant n’est plus vu tel une boîte noire, un étranger radical que nous devons vite intégrer dans la réalité, un sauvage qui n’a pas le droit à la parole. Qui doit juste obéir. C’est que la coévolution est apparue. Pour les adultes les plus vigilants, l’enfant participe à sa propre évolution. Ce pourquoi, nous devons respecter ses savoirs et sa sensibilité. Ce pourquoi, aussi, nous avons intitulé ce texte « Comment les enfants voient leur corps, le monde ? ». A l’évidence, en quelques paragraphes nous ne pourrons faire le tour de la question. Et nous n’y prétendons pas. Plus qu’un gros livre n’y suffirait pas. Mais, avec divers angles d’approches de ce thème, nous espérons apporter des éclaircissements sur cette évolution actuelle de la vision des adultes sur les enfants.
Déjà, de preuves scientifiques sont parvenues à montrer et démontrer que, dès 3-4 mois, l’enfant qui apprend active des zones distinctes du cortex cérébral. Et, à chaque fois, celles-là même que les adultes utilisent. Son intimité avec le fonctionnement des adultes est complète. Il nous suit et n’est pas dans un monde à part. Ces expériences scientifiques paraissent minimes en elles-mêmes – mais les résultats nous font franchir de larges étapes qui nous éloignent des préjugés et stéréotypes encombrants ! L’enfant n’est pas ce que nous avions pris la mauvaise habitude de croire !
« Bien des parents trouveront ce résultat trivial, convaincus qu’ils sont que leur enfant les reconnaissait dès la naissance. Mais pour la science, l’étude que vient de mener une équipe du Massachusetts Institute of Technology (MIT), et que publie Nature Communications, représente un sérieux bond en avant dans la connaissance du développement humain. Le neurobiologiste Ben Deen et ses collègues ont en effet démontré que dès 4 mois, le cerveau du bébé traitait différemment les scènes et les visages. Plus précisément, ils ont établi que pour « regarder » ces deux types d’images, le nourrisson activait des zones distinctes du cortex cérébral, celles-là même que nous autres, adultes, utilisons.
Les-bébés-regardent-comme-des-adultes
La théorie de la spécialisation progressive du cerveau humain ne fait aucun doute dans la communauté scientifique. Mais quand et comment s’opère cette différenciation suscite des appréciations différentes, d’autant plus difficiles à trancher que les études expérimentales manquent. Les images par résonance magnétique (IRM) ont permis de faire des progrès notables. L’équipe de Ghislaine Dehaene-Lambertz (CEA) a ainsi montré que dès 3 mois, le bébé traitait le langage dans les mêmes zones cérébrales que l’adulte. Un résultat spectaculaire que les scientifiques américains ont voulu étendre à la sphère visuelle.
Pour cette dernière, la spécialisation précoce avait été proposée il a quelques années grâce à des images cérébrales obtenues par tomographie (PET scan). »
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Nous allons essayer de globaliser, synthétiser ces nouvelles approches – surtout en nous maintenant dans les découvertes des façons de voir des enfants. Comment ils voient leurs vies. Ainsi que tous les aspects de celle-ci. Comment voient-ils les adultes ? Ce en quoi photographies et vidéos apportent une matière consistante. Le challenge demeurant toujours de faire court tout en restant exhaustifs et explicatifs. Jamais simplistes et réducteurs… « Comment l’enfant élabore t-il sa vision du monde ? Quel rôle jouent sur ses représentations son environnement et son entourage ? Comment penser, au final, l’articulation entre ses déterminismes biologiques et culturels et sa liberté ?
Les parents et les enfants n’ont de toute évidence pas la même façon de percevoir les choses et les êtres. Le petit est un être humain en voie de développement. La jeune mère et le jeune père ont tendance à projeter sur lui leurs valeurs d’adultes. C’est le prototype même de la relation asymétrique. « Il existe, résume Boris Cyrulnik, un adultocentrisme comme il existe un anthropocentrisme. » L’enfant n’est certes jamais un créateur original. C’est un point important. Sa représentation du monde est sculptée par le milieu dans lequel il baigne. Mais comment expliquer qu’un petit élevé dans un environnement « à risque » s’en sorte malgré tout ? Où trouve-t-il ses ressources ? Comment son rapport au monde se transforme-t-il ? La capacité de résilience, c’est-à-dire d’affirmer la vie face à l’adversité, est au centre des recherches de Boris Cyrulnik
Né en 1937, le chercheur grandit à Bordeaux. Ses parents, d’origine russe, sont déportés au cours de la Seconde Guerre mondiale. Raflé à son tour par la police, enfermé dans une synagogue, il parvient à échapper à la déportation. Seul rescapé de sa famille, il croit mourir, mais « rebondit ». B. Cyrulnik devient-il à cette époque le Boris Cyrulnik que l’on connaît ? Peut-être. On comprend mieux, en tous les cas, d’où le chercheur tire son refus de la résignation. Rien n’est jamais déterminé pour toujours, scande-t-il au cours de l’entretien. L’enfant voit le monde selon la manière dont le monde le construit, sans aucun doute. Mais le petit, au même titre que tout individu, n’en a pas moins une histoire, dont il est acteur. Plus que spectateur.
Comment-les-enfants-voient-le-monde-: un entretien-avec-Boris-Cyrulnik
« Comment se forge la représentation du monde chez l’enfant ?
L’enfant a une vision du monde qui s’élargit de plus en plus avec le temps, au fur et à mesure de son développement cognitif et de ses interactions avec l’extérieur. Son univers est d’abord sensoriel. Très tôt déjà, dès les dernières semaines de grossesse, le bébé a des pleurs ou des sourires intra-utérins qu’on voit très bien à l’échographie. Il sursaute. Il lui arrive aussi de ressentir un stress quand sa mère est angoissée. Ces premières interactions avec l’extérieur tracent dans sa mémoire interne des sensibilités préférentielles et des habiletés relationnelles qui sont propres à orienter son rapport futur aux choses et aux êtres. Ainsi, le jour où il naît, il est déjà doté d’un appareil à percevoir le monde.
L’univers de l’enfant se conceptualise vers 2-3 ans, lorsqu’il se saisit des mots. Dès cet instant, son monde est métamorphosé. Les personnes, les gestes et les objets prennent un nouvel éclairage ; il commence lui-même à agir sur le monde grâce au langage. Sa faculté d’imagination se met en place. Lorsqu’on lui demande par exemple de dessiner un bateau sur l’eau, bien souvent il dessine la forme qu’il voit, mais aussi ce qu’il ne voit pas, la coque et l’hélice. Il répond désormais plus à la représentation qu’à la perception. Vers l’âge de 4 ans, l’enfant découvre qu’autrui répond à son idée propre du réel, à ses sentiments particuliers. Désormais, pour comprendre le dehors, il lui faut aussi deviner ce qui se passe dans l’univers mental des autres.
L’enfant élargit à nouveau son univers vers 7 ans, quand son système de connexions neuronales lui permet de se représenter le temps. Auparavant, il n’a pas la capacité de faire le récit d’enchaînements de scénarios. Il parle, mais ne répond qu’au temps présent. En acquérant une neurologie du temps, l’enfant peut s’approprier les histoires de sa culture. Il accède ainsi au monde des croyances.
On se représente généralement l’individu en bas âge comme un être créatif, doté d’un imaginaire original. Serait-ce une vision littéraire de l’enfance ?
En fait, l’enfant voit le monde selon la manière dont le monde le construit. Les énoncés familiaux, sociaux ou légaux, les récits, les croyances religieuses ou les discours scientifiques façonnent sa vision. Il se développe en hélice, dans une dynamique d’interactivité avec l’extérieur. Un exemple : un enfant dont la mère est déprimée va, en grandissant, percevoir préférentiellement les images tristes aux dépens des images gaies parce que dans son univers de représentations, ces images le sécurisent. Son goût du monde a été « circuité » par son entourage premier.
L’environnement culturel des petits influence aussi leur image du monde. Prenons le cas des enfants mohaves, en Amérique du Nord. La société mohave considère, selon la tradition, que les bébés sont la réincarnation des personnes décédées. Les adultes ne parlent ainsi pas « bébé » aux nouveau-nés. Ce serait une injure aux anciens. Lorsqu’il grandit, l’enfant mohave perçoit un monde beaucoup plus grave que l’enfant occidental et peut-être plus ennuyeux. D’autres paramètres simples façonnent la vision du monde de l’enfant, le milieu géographique par exemple. Élevé près de la montagne, il percevra mieux les lignes verticales. Élevé près de la mer, son cerveau sera préférentiellement réceptif aux horizontales.
Que faut-il déceler dans le désir répandu chez l’enfant de ressembler à un superhéros ?
La géographie des croyances est une géographie de l’amour parental. Un enfant croit au même dieu que ses parents. Né dans un milieu musulman, il a toutes les chances de devenir musulman. De même si ses parents sont chrétiens, il y a toutes les probabilités pour qu’il devienne lui-même chrétien. Il me semble que sur le même modèle, l’identification a un superhéros traduit avant tout chez l’enfant un désir d’être grand, de s’identifier aux parents, à ceux qu’il aime. C’est une déclaration d’amour.
La fascination pour le superhéros, en revanche, n’est jamais très positive. Elle peut traduire une peur du monde, un désir de reprendre virtuellement la maîtrise du réel. Le plus sûr moyen pour un enfant de calmer une angoisse consiste à transcender sa souffrance dans un monde parallèle. Le jeu, mais aussi le dessin, ou l’écriture permettent de supporter le réel désolé en apportant des compensations magiques.
Vous avez beaucoup travaillé sur le concept de « résilience ». Comment la relation au monde des enfants qui n’ont pas eu des bases stables pour se construire peut-elle évoluer ?
Tout enfant développe des types de comportement, sous l’effet d’une double contrainte. Sa pulsion génétique le fait aller vers l’autre, mais c’est la réponse de l’autre qui tutorise son développement. Si le tuteur est stable, lorsqu’un événement nouveau survient, l’enfant s’y adapte et y répond avec son répertoire de comportements acquis précédemment. Au contraire, les enfants dont le développement a été entravé par des difficultés sont souvent repliés sur eux-mêmes, autocentrés. Ils développent peu d’empathie. Leur rapport au monde est limité.
Une manipulation, connue mais éloquente, met en scène la situation suivante : Un adulte remonte un nounours mécanique – l’expérimentateur s’étant arrangé auparavant pour que le nounours ne fonctionne pas. L’adulte fait alors semblant de pleurer. Qu’observe-t-on ? Devant les larmes simulées de l’adulte, la plupart des enfants réagissent en le cajolant, ou en cherchant à ce que le nounours soit réparé. Quelques enfants restent apparemment indifférents. Quelques-uns enfin le frappent !
C’est que l’enfant interprète aussi le monde en fonction de son type d’attachement.
Dans les études sur l’attachement, nous pensons que l’être est dans un développement constant, de l’œuf à la mort. Ce que nous conceptualisons sous le terme de résilience est le contraire du déterminisme fatal. Une première relation peut être un échec ; si l‘enfant dispose de plusieurs figures d’attachement (grands-parents, instituteurs, institutions), il trouve d‘autres tuteurs de développement. Un nouveau rapport au monde émerge alors et s’exprime. » [ la culture est donc tout pour l’enfant. C’est le seul bain où il peut grandir harmonieusement. Et dans toutes ses dimensions. Sacrifier la culture complète pour la puérilité inexcusable de l’argent fou est donc bien un crime contre l’enfance. Et doit être traité comme tel. Au nom de l’enfant, il s’agit de mettre fin au règne destructeur de l’argent fou et sale !.]
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L’enfant trouve toujours, par lui-même, les tuteurs (insti-Tuteurs et Tutrices !!) qui l’aident à se développer et grandir, les appuis ou soutiens absolument nécessaires. S’il n’en trouvait pas dans tous ses entourages (rares !) il va même en imaginer un. Tuteurs, les institutions doivent servir à cette fonction tutrice : C’est écrit, inscrit dans le mot. Ce n’est pas le mot insti-tuteur qui dira le contraire. Comment cela se passe-t-il ? En fait, le fondamental besoin de toucher de l’enfant reste encore trop méconnu.
« Aux États-Unis, les premiers instituts de recherche pluridisciplinaires sur le sujet ont apporté des preuves scientifiques, mesurées, des effets du toucher, et ont démontré sa valeur dans de nombreux domaines, qu'il s'agisse de l'enfance prématurée, des personnes âgées ou de certaines maladies.
Il ne fait plus de doute que l'enfant a besoin du toucher pour se développer. On sait aujourd'hui qu'un enfant qui n'est pas touché ne se développe pas normalement. L'expérience encore proche des orphelinats roumains a démontré que l'absence complète de toucher entraînait des retards de croissance importants et des altérations des facultés mentales. Plusieurs études dans le monde ont prouvé que les prématurés prennent environ 50% de poids supplémentaire lorsqu'ils sont touchés. On a, par ailleurs, récemment découvert un gène assurant le lien entre la croissance et le toucher ! (données tirées du livre 'Les bienfaits du toucher' de Tiffany Field – Février 2006 ).
Le toucher de la peau donne la conscience de la matière du corps et le corps ne peut se développer sans le toucher. Un enfant non touché ne peut entrer dans la conscience de son incarnation et développer ses ressources pour grandir. L'être humain a donc besoin de l'autre pour prendre conscience de lui-même ; et par là, il gagne la conscience de la relation. [ c’est dans ce cadre que se place la pédophilie qui profite de ce besoin essentiel. Mais aboutit à des abus unilatéraux de touchers non bénéfiques à l’enfant, ce pourquoi il faut la réprimer énergiquement ! Mais sans développer une paranoïa sociale nuisible aux enfants… voir la vidéo n° 9].
Le toucher est le sens premier. Je peux évoluer sans voir ni entendre mais je ne peux vivre sans être touché. Le toucher conduit l'être vers la communication avec l'extérieur, et vers la relation aux autres. Par le toucher tactile, le corps s'éveille. Il apporte à l'enfant la sécurité affective ; il réduit ses pleurs, améliore son sommeil et le rend calme, actif, et sociable. Il l'apaise parce qu'il lui rappelle la sécurité du lien à la mère et le relie à la relation d'origine..Des études montrent les effets positifs du toucher en général. Le toucher ne profite pas seulement aux enfants. C'est un facteur réel et vérifié de diminution de l'angoisse et d'amélioration du système immunitaire. Ainsi, à l'heure où 75% des salariés se considèrent stressés, le toucher est une solution efficace et concrète contre ce fléau. Si bien souvent on ne peut réduire les causes extérieures de tensions, le toucher est un moyen sûr d'améliorer la capacité d'adaptation des individus : automatiquement, à la suite d'une séance, les hormones antistress diminuent et une catégorie de lymphocyte T augmente. »
Être soi-même ? De l’importance de parvenir à être soi-même. Ce qu’il y a de meilleur pour la…santé !
L'approche Somato- Émotionnelle ou comment notre corps nous parle
Tout ce qui ne s’exprime pas s’imprime, et la meilleure façon de se connaître est certainement de lire ce corps qui garde en mémoire tous les nœuds émotionnels conscients et inconscients (le retour du refoulé de Freud). Devenir une autre personne en devenant soi-même, en éliminant les peurs qui freinent tous nos élans, notre spontanéité d’enfant qui sommeille en nous. Les maladies psychosomatiques sont les conséquences de ces stress chroniques qui fragilisent notre système immunitaire.
Grâce à cette grille de lecture qui nous permettra de mieux nous connaître, essayons de libérer ces WIPLASH émotionnels. (l’équivalent psychologique des entorses cervicales…littéralement le « coup du lapin » que wiplash ! ). Voir la vidéo n° 4
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Maltraiter-un-enfant-ne-le-rend-pas-heureux.
Se trouver dans les pensées d’un enfant actuel ? Comment il voit et ressent le monde ? Cela n’arrive presque jamais : l’impérialisme des prétendus adultes a tout envahi. L’histoire de cet enfant est qu’il se sent, quelque part, abandonné ; n’est-ce pas le cas de la plupart d’entre eux ? Soit ils doivent se précipiter à imiter les adultes, souvent, de si tristes augures soit
…………………ils ne peuvent vivre leur vraie enfance en paix !
Pourtant ? --…….
Les parents et les enfants n’ont pas la même façon de percevoir les choses, les êtres et leur corps. Ce qui change actuellement ? C’est que nous admettons que nous avons vraiment à apprendre des enfants. Que la relation ne doit plus rester asymétrique, comme elle l’est depuis tant de millénaires. Juste un adultocentrisme. Pas dans toutes les civilisations ? Oui, mais comme nous croyons, étourdiment, avoir vaincu ces civilisations, nous ne prêtons guère attention à leurs organisations humaines. Les enfants forment donc le lien entre trop d’opportunités collectives stupidement délaissées.
Et si nous prêtons encore plus d’attention à eux – les enfants
……………………….. vont nous faire… découvrir un monde plus vrai !
………......(à suivre)
Pour qui désire chatoyer des éléments assemblés lors de la 1ère parution Janvier 2017 (photos, dessins, vidéos, etc.) suffit de cliquer sur le lien et d’utiliser le dérouleur